Crise à la CVE, quelle crise ?

Après l’UFP, la CVE serait à son tour dans la tourmente. Quant à l’UPR, orpheline de son paternel en goguette, elle serait dans l’expectative.Heureusement pour elle, l’exercice du pouvoir a des effets d’éteignoir. Une chance. De plus, à défaut de père, le parti dit présidentiel ( l’est-il encore ?) pourrait toujours se rabattre sur l’oncle. Fût-il plus distant. Peut-être de peur d’être suspecté de népotisme (le népotisme étant , au sens strict, la faveur accordée au neveu). Un proverbe perse dit: « Quand Dieu ne vous a pas donné d’enfants, le diable vous donne des neveux ».

Mais revenons à la CVE. Une crise intra-partisane ( bien que la CVE ne soit pas à proprement parler un parti) est généralement liée soit au credo et à l’orientation soit à une bataille de leadership. D’aucuns diraient d’ego. En l’espèce, la seconde option semble la bonne.

Les principaux protagonistes s’accordent par ailleurs et largement sur l’essentiel. Ce qui rend la crise actuelle d’autant plus absurde. Kane Hamidou Baba s’est très vite retrouvé dans la situation de ces généraux qui ont conquis leurs galons sans avoir connu les affres du champ de bataille. En l’occurrence, la prison et ce qui va avec. (2 de ses alliés/rivaux ont en revanche subi les horreurs de « Oualata »). Une campagne réussie et un succès électoral plus tard, voilà le procès en légitimité mis en sourdine par la force des choses.

La séquence présidentielle s’éloignant, le serpent de mer refait surface. Vient s’y adosser l’argument de la reconnaissance institutionnelle à travers celle du parti d’appartenance. Ce grief ne vaut d’ailleurs que pour M. Sarr. Et c’est un couteau à double tranchant.

En effet, la reconnaissance du parti de Sarr et la dissolution de celui de KHB ont au moins un point commun. Elles émanent toutes deux du même pouvoir que l’un et l’autre combattent. S’en servir à profusion c’est prendre le risque de faire des autorités un allié objectif.

La situation de M. Thiam est différente en ce que ce dernier convoite toujours la fameuse reconnaissance. Ramenée à l’essentiel, la principale raison ( du moins officielle, abstraction faite des inévitables interférences de caractère personnel) de la discorde tient à la perspective de structuration de la CVE. Transformation en parti ou pas.

S’enfermer dans cette alternative est d’ailleurs réducteur. D’autres formules sont envisageables. Il serait long de les détailler ici.Reste que, et c’est connu, les querelles politiques les plus difficiles sont celles qui opposent des membres d’un même parti tant elles charrient des non dits. Si le différend devait aller jusqu’à la rupture, il resterait en dernier ressort à KHB l’argument de la « légitimité par le bas ». Il pourrait enjamber les structures partisanes pour s’adresser directement à ceux qui ont voté pour lui à la dernière présidentielle. Sans compter qu’il peut toujours compter sur le soutien de M. Diop qui est à la tête d’un parti reconnu.

Pour l’instant, dédramatisons. Ce qui se joue actuellement à la CVE n’a rien d’exceptionnel. Tous les partis l’ont vécu. C’est même structurel chez certains. Souvenons-nous du PS français avec ses courants et ses synthèses de fin de congrès. Tous ensemble ou alors « charbonnier est maître chez soi ». Voilà les termes de l’alternative qui s’offre à la CVE. Poussé à choisir entre sa Jamaïque et le panafricanisme, Marcus Garvey avait déclaré:  » je ne sacrifierai jamais un continent pour une île ». A méditer.

 

 

Tijane Bal

Facebook – Le 19 octobre 2019

 

 

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