« Soyons intransigeants sur l’unité nationale »

« Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m’ouvres un autre monde». Amadou Hampathé BA

L’armée est un pilier essentiel d’un régime républicain, démocratique et de la souveraineté du peuple.

A travers sa mission de protection de l’intégrité du territoire, elle apparait comme l’émanation de la nation. C’est ce fort sentiment d’appartenance à un même idéal qui fait de chaque citoyen un soldat prêt à mourir pour sauver la patrie.

Aujourd’hui, ce sentiment d’appartenance à un idéal commun existe-il réellement dans notre imaginaire collectif ?

Ce corps de l’Etat qui devrait être le reflet de notre diversité, la vitrine du pays est devenue cette machine à noyer ses citoyens, un accélérateur d’exclusion.

C’est ce que nous pouvons retenir de ce récent recrutement des élèves officiers de l’armée nationale. Comment sommes-nous arrivé à ce scenario fou ? Un recrutement national dont les seuls admis sont issus d’une seule composante de notre pays. Sur 47 élèves zéros poulaar, wolof et aucun soniké. C’est tout simplement scandaleux ! Est-ce une incongruité ou volonté manifeste de filtrage ?  Envisageons tous les scénarios possibles et imaginables. Mais nous ne pourrons pas enlever le caractère discriminatoire de ce recrutement.

Si la grande baïonnette correspond sociologiquement qu’à une frange de la Nation, peut-on encore parler d’armée ? De République ? De Démocratie ? Ne tendons-nous pas vers un État patrimonial et héréditaire ?

Cette nouvelle polémique autour de cette affaire est symptomatique d’une société malade, d’une République languissante, incapable de garantir une égalité de chances entre tous ses citoyens. A ce rythme, et si nous ne nous en prenons pas garde, nous courons vers l’abime. Ainsi, la religion qui est notre dénominateur commun est fragilisée, car elle n’a pas tenue toute ses promesses. Elle était censée être notre rempart contre le repli, l’obscurantisme et l’inégalité sociale.Mais le plus inquiétant est cette poussée de radicalité dans le débat public. Certains sont dans le déni et d’autres flirtent dangereusement avec la ligne rouge. Ils sont devenus, les porte-étendards d’un combat sans gloire, qui pourrait causer une violente commotion à notre vivre ensemble.

Cette affaire des élèves officiers de l’armée nationale ne doit pas être un banal fait divers à ranger aux oubliettes. Au contraire elle doit nous inviter à une réflexion beaucoup plus profonde et à une réforme sans complaisance de nos institutions. Parmi les urgences, il y a le bannissement de ces intentions idéologiques et insidieuses dissimulées derrières les recrutements dans tous les segments de l’Etat. Ensuite, mettre en place des assises sur le fonctionnement de notre administration sclérosée afin de procéder le plus rapidement à sa modernisation.

Si nous voulons bâtir une nation ou toutes les intelligences seraient mises à contribution, quel que soit l’appartenance ethnique, régionale ou le bord politique. Là aussi nous devons faire feu de tout bois, puisque nous avons les ressources humaines nécessaires pour mettre notre pays sur les rails du progrès et du développement.

En fin, comme le suggèrent certains, construire ensemble une Mauritanie Unie dans la diversité. Oui, C’est encore possible !

Encore faudrait-il reconnaitre la « Mauritanité » aux « Toucouleurs d’origine sénégalaise » Comme le disent certains. C’est vraiment absurde. Ils sont des Mauritaniens point ! Ces Toucouleurs d’origines sénégalaise ont gravé dans le marbre les principes fondateurs de cet Etat mauritanien. N’en déplaise à certains nationalistes, qui oublient que la Mauritanie à une histoire. Ils se sont sacrifiés pour ce pays et le sang chauds des martyres gicle encore sur le sol mauritanien. La Mauritanie est notre patrimoine commun. Elle est née de cette volonté commune de vivre ensemble sur ce terroir. Son récit national se fera avec toutes les composantes de ce pays :  Peuls, Soninkés, Wolofs, Maures, Harratines et le Bambara.

La Mauritanie restera une et indivisible ! Toute velléité d’exclusion d’une de sa composante est peine perdue.

 

 

Mansour Ly

 

 

(Reçu à Kassataya le 18 septembre 2019)

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