Ce que tu grattes est loin de ce qui démange

Il est ridicule et malhonnête de voir ces boucheries héroïques livrées sur les réseaux sociaux, pour accuser la Mauritanie d’Apartheid, de racisme de haine pour l’autre. Accuser le noir de traitre et le blanc de monstre.

Ces allégations collatérales à but intéressé, poussent sur une réalité bien plus visible, bien plus grave et plus mortelle qu’on ne le pense. Ils confectionnent les problèmes, comme si notre problème endémique, n’est pas clair et manifeste.

Comme si notre situation, bien qu’exploité par tout celui qui cherche à se mettre en exergue, n’est pas éblouissante, comme les rayons du soleil.

Tous, blancs et noirs, nous sommes victimes d’un groupe, une classe de toutes les couleurs, qui a pris possession des rênes de la société.

Ils n’ont qu’une foi : l’enrichissement obscène et le monopole de l’influence.

Au besoin ils se serrent les coudes, pour mater les insolent les gêneurs ou les mécontents. Mais souvent ils n’hésitent pas à achever l’un des leurs, quand il est désarçonné par l’étalon du destin ou écrasé par le train inconstant des circonstances.

Ils se fichent de la démocratie, des élus et des élections. Ils savent que toutes ces puretés prétentieuses, ces morales, couchées dans les berceaux de la théorie inerte, ne sont que jouets entre leurs mains et chiens dociles sous les orteils de leur manigances.

Ils sont assurés de maitriser toute situation, après avoir mis en place un dispositif de défense diabolique et gigantesque à l’épreuve de toute réforme. Un statu quo, blindé contre tout changement, qui ne soit en leur faveur.

Leur code renforcer un esprit, un intellect et une raison, qui n’a que faire de la raison.

Une logique entrainée à convaincre par le faux et faire triompher l’injuste par le théorème de l’injuste lui-même.

Une injustice, tellement lavée, sculptée et astiquée par la pratique et la répétition, qu’elle est devenue une référence. Elle entre dans la tradition, se roule dans le familier et finit par n’éveiller le soupçon de personne avant de devenir la logique et les postulats de chacun.

Cette crasse cirée pendant de longues périodes par le profit, la cupidité, les louanges et les applaudissements désespérés, a gagné l’éclat vers lequel aujourd’hui  le citoyen se tourne, comme vers la « Qibla », pour accomplir ses prières et implorer sa pitance.

C’est faux et archi-faux. Le problème n’est pas ethnique, ni  une haine maladive entre blancs et noirs, ni une injustice dans les recrutements de l’armée de la police ou de la fonction publique.

C’est un sabotage professionnel sur une société, si paresseuse qu’elle n’arrive pas à saisir qu’on l’égorge chaque année deux ou trois fois, avant qu’elle ne revienne « youyoutante » et « applaudissante », pour tendre le cou sous le couperet de ses bourreaux derechef.

Le maure est bien plus en mauvais état que ses frères d’autres races. Lui n’a pas de Biram pour crier à l’esclavage, ni de Thiam pour dénoncer le racisme. Il ne peut manipuler une charrette, ni faire le docker. Il n’a pas la force de porter un sac de 50 kg, pour gagner son bol de riz. Il est victime de mentalités nées dans les ténèbres du passé et qui ont été impitoyables pour son devenir.

Quel racisme d’ailleurs ? Notre peuple a toujours vécu ensemble. Des dizaines de nos familles se sont soudées par le lien sacré du mariage et ont enfanté des enfants ; qui aujourd’hui désemparés ne savent plus vers quelle direction chercher le secours contre la division coquine que toutes les tendances intéressées, développent pour autre chose, bien loin de l’amour de Dieu.

La Mauritanie chavire, tangue et risque de sombrer à cause d’autres facteurs, plus sournois et plus pernicieux.

Le mot patriotisme a été remplacé par « Batroun-iotisme »

Encore enfants on nous inculquait cet état d’esprit maléfique à travers des bonbons à la forme de ventres ballonnés « Kersh el batroune. » : La bedaine du patron.

Tactique subtilement subversive, pour institutionnaliser la malversation et l’immoralité.

Des mentalités abominables parfois repoussantes, qui élèvent nos enfants sur l’arrogance, l’amour des apparences, le mépris des concitoyens moins nantis et la convoitise de la chose publique. Pourvu qu’elle assure cette « supériorité repoussante », qui gouverne notre équilibre et nos destins.

Beaucoup de louanges circulent en faveur du premier ministre Ismaël ould Bedda ould Cheikh Sidiya.

Ce qui fait qu’il doit décider vite et bien est ce qu’il sera la suite, la fin ou la suite et fin du calvaire éternel de ce pays.

Si le serment du président Ghazwani est sincère, il peut exploiter la main de cette autorité militaire, pour purifier le pays du faux, de l’hypocrisie et du tort.

Et s’il sent que les choses sont les choses et qu’il ne peut faire autre chose, démissionner est une action noble, par laquelle il peut signifier à la postérité que rien n’est fait et que beaucoup reste a faire.

La Mauritanie souffre et suffoque depuis une éternité, une incroyable agonie. Le pays se meurt dans une médiocrité douloureuse et inhumaine. Elle est partagée comme une banane avariée entre ceux qui la mangent et ceux qui languissent pour n’en faire qu’une bouchée.

Il faut un redresseur, des redresseurs impassibles, droits et honnêtes, pour dire à tous : « ça suffit ! Le calvaire du pays s’arrête ici. »

Une Mauritanie forte, l’est pour tous ses citoyens. Et un plafond qui s’effondre n’épargnera le crane de personne.

Seuls les doués de raison peuvent comprendre.

Etre « patron » dans ce climat de la déchéance collective de tout un peuple, constitue le plus hideux rôle qu’un responsable puisse jouer, et la plus  impure entrée dans l’histoire de ce pays.

La tâche est simple : il s’agit juste de gouverner le pays par la justice équitable entre tous ses citoyens.

Exactement comme Allah l’a ordonné :

                                                                                      إن الله يأمر بالعدل والإحسان

Mohamed Hanefi

Koweït

(Reçu à Kassataya le 15 septembre 2019)

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