Mauritanie : le gouvernement de Ould Cheikh Sidya fait polémique

A peine sorti dans l’ombre, le premier gouvernement de l’ère Ould Ghazouani ne fait pas l’unanimité des observateurs qui s’interrogent sur son ambivalence technicité et politique d’un côté et de l’autre la forte prégnance des postes dits chasse-gardée entretenus par le locataire du palais de Nouakchott.

Les mauritaniens s’attendaient à une alternance démocratique à la place une alternance militaire. Et après l’élection de Ould Ghazouani ils espéraient un changement gouvernemental et c’est la continuité du régime de Ould Aziz sur la forme et sur le fond.

Le nombre de portefeuilles et le choix des hommes et avec moins de femmes. Le premier gouvernement de Cheikh Sidya ne fait pas donc exception à la règle. Tout en apparaissant plus technique il conserve les anciens du régime précédent. Un trompe-l’œil, une des vieilles recettes des régimes autoritaires qui gouvernent sous un vernis démocratique. La politique de nomination obéit au statu quo.

Le premier ministre, le directeur de cabinet de la présidence, le chef de la diplomatie, le commissaire à la sécurité alimentaire, le commissaire des droits de l’homme en plus des ministres-clés du gouvernement sont confiés à la même classe dominante et le reste est partagé entre les autres composantes nationales qualifiées de minoritaires.

A titre d’exemple 7 ministres du gouvernement de Ould Cheikh Sidya sont issus de la communauté Haratine, 4 afro-mauritaniens et le reste arabo-berbère. C’est ce que les observateurs appellent un quota ethnique. Mais qui oublie très souvent les Ouolofs assimilés très souvent aux sénégalais. Du dosage ethnique des années 60, depuis 78 les militaires ont initié la politique de discrimination positive qui s’apparente aujourd’hui à une politique de quota qui ne dit pas son nom.

C’est l’aboutissement d’une politique de nomination à géométrie variable selon les alliances du moment avec les minorités dites ethnique. Ce qui semble immuable jusqu’ici c’est les postes dits chasse-gardé à commencer par le sommet de l’Etat, le directeur de cabinet de la présidence, le chef du gouvernement, le chef de la diplomatie et depuis quelques années le ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel.

Pour les observateurs ce premier gouvernement est donc technique et pas assez politique pour résoudre la difficile cohabitation depuis 1960 et surtout pour restaurer un état de droit qui respecte les institutions, la citoyenneté et les libertés, seule garantie de la démocratie.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 12  août 2019)

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