L’entrée de trois nouveaux ministres au premier gouvernement de Ould Cheikh Sidya respectivement Adama Sonko enseignement fondamental et la réforme de l’éducation nationale, Salem Ould Merzoug à l’intérieur et Ould Hanana à la défense, est la première traduction des bonnes intentions du président Ould Ghazouani pour au moins une partie de ses promesses électorales.
Mais les observateurs attendent dans les faits la plus grande réforme de l’éducation nationale depuis 1960. En confiant le poste à un afro-mauritanien Adama Sonko c’est peut-être un signe d’une refonte du système éducatif qui passe par un recentrage de la langue arabe et la promotion des langues nationales. C’est certainement le défi le plus difficile dans un pays fortement influencé par les courants nationalistes arabes qui prônent la primauté de l’arabe sur tout..
En nommant Ould Merzoug à l’intérieur le premier ministre répond à deux exigences : la compétence de l’ancien Haut- commissaire de l’OMVS et son appartenance à la communauté Hratine qui apparaît aujourd’hui comme la communauté la plus importante démographiquement et qui fait l’objet d’une attention particulière du président Ould Ghazouani qui a promis de réparer cette injustice historique qui fait des Hraratines des marginalisés de la république.
La création d’une agence d’inclusion sociale dotée de 20 milliards d’ouguiya va dans ce sens. Le nouveau ministre de l’intérieur devra surtout s’attaquer à la nouvelle décentralisation dont le découpage administratif avait obéi jusqu’ici aux désidérata de l’ancien président Ould Aziz. Les populations de l’intérieur attendent beaucoup de la nouvelle régionalisation pour dépendre moins du pouvoir central de Nouakchott.
Et enfin l’arrivée du général Ould Hanana à la défense est une promesse du nouveau président. Sa nomination s’inscrit dans la continuité de l’armée garante de la stabilité du pays. Ancien commandant en chef du G5 Sahel au Mali Ould Hannana est une pièce maîtresse du puzzle saharo-sahélien. Il est en mesure d’assurer l’héritage de Ould Aziz dont le pacte de non -agression avec Al Qaïda est un atout considérable pour négocier avec les Jihadistes, maîtres du Sahel.
En misant sur le dosage ethnique et la loyauté du président Ould Ghazouani, le premier ministre a presque réussi son premier coup de véritable alchimie. Adama Sonko, Ould Merzoug et Ould Hanana devront faire leurs preuves pour transformer leur ministère.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 10 août 2019)
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