Après le casse du siècle, Aziz, ivre de pouvoir, fait mine de partir…

Il n’y a pas d’autre terme que « casse du siècle » pour illustrer l’aventure de Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie. Personne avant lui n’a autant fait main basse sur le pays à tous les niveaux jusqu’à sa culture, ses symboles historiques et même sa religion…

Dans d’autres pays, pour en arriver là, il faut torturer bien des gens, en tuer quelques centaines ou quelques milliers mais Aziz n’a pas eu besoin de ça ; c’est là toute sa prouesse. Il a dicté ses lois à un peuple sans faire face à la moindre résistance matérielle…

« Qu’a-t-il fait pour mériter tant de biens ? » disait Beaumarchais, il s’est juste donné la peine de naître dictateur en renversant un président démocratiquement élu qui venait de le limoger. A partir de là, tout le reste est l’histoire d’un homme qui a eu la chance d’avoir affaire à un peuple qui n’a jamais connu que la soumission depuis la nuit des temps : soumission aux chefs des temps premiers, soumission au colon, soumission à tous les dictateurs depuis 1978.

Dans les fables, les plus nobles se vantent d’être héritiers d’illustres guerriers, de sublimes résistants, de magnifiques marabouts mais dans les faits, de 1978 à nos jours, quasiment tous les héritiers et moins héritiers n’ont pu faire face à la dictature autrement que par des mots stériles quand ils n’ont pas rejoint les dynasties de collabos de père en fils profitant depuis 1978 de tous les régimes aussi calamiteux les uns que les autres qui les engraissent pour avoir une administration à leur service.

La nouveauté avec Aziz, c’est qu’il ne s’est pas contenté, comme d’autres, d’appauvrir les mauritaniens ou du moins les compter pour quantité négligeable face à sa volonté d’imposer son ordre économique et social fondé sur le clientélisme, le tribalisme, l’obscurantisme religieux et la terreur psychologique avec pour armes les impôts et les salaires.

Tout ça en toute impunité. Après avoir dicté sa volonté à l’armée, il l’a dictée à la justice, puis à l’économie et enfin aux chefs religieux alors que sous sa moustache des cheikh Madoff ont escroqué des dizaines de milliers de mauritaniens les jetant à la rue en déstabilisant les marchés de l’immobilier, du bétail et de tout ce qui marche, court ou rampe.

Avant lui les mauritaniens croyaient avoir atteint le fond, ils ne pouvaient pas imaginer que viendrait quelqu’un avec un projet identitaire qui va au-delà de l’appât du gain.

Déboussolés, les mauritaniens ont regardé faire la machine de destruction de tous les repères, la falsification de l’histoire nationale, la propagande haineuse visant à diviser les maures en marginalisant plus que jamais les hratine, le vote de lois extrémistes faisant fi de tout repentir en matière de blasphème pour plaire à la rue fanatisée par ce régime d’extrême droite, sans parler du reste…

Aziz était bien parti pour rester au pouvoir à vie et ses députés étaient bien engagés à changer la constitution quand il a fait machine arrière du jour au lendemain terrorisé par on ne sait quelle menace de l’intérieur mais il n’a pas lâché l’affaire, s’évertuant à polluer et gâcher la campagne de son frère d’arme avec lequel il ne partage pas les mêmes valeurs de fidélité et de loyauté.

Après l’avoir entouré de phacochères à son service pour ruiner sa campagne en bloquant les fonds par exemple jusqu’à la dernière semaine ou en faisant circuler des audios pour humilier au maximum, il fallait salir encore plus l’élection en faisant sortir son basep, en coupant internet et en accusant l’étranger de vouloir déstabiliser le pays.

Cette jalousie maladive de la réussite de son ami a éclaté au grand jour, mettant mal à l’aise même ses soutiens de bonne foi.

Pendant ce temps, Ghazouani ne réagissait pas, laissant faire l’ami pris d’une hystérie de destruction et d’une soif d’imposer son pouvoir absolu par des nominations abusives comme on racle les tiroirs pour achever un braquage.

Face à cette frénésie, ce délire de fin de règne, bien de ses ennemis de longue date ont décidé de soutenir Ghazouani car manifestement Aziz n’en veut pas.

Maintenant que va-t-il faire ? Rester tranquille et laisser Ghazouani gouverner ? C’est impossible car Aziz est obsédé par le pouvoir, il ne peut plus vivre sans imposer ses volontés au pays. Il a besoin de la compagnie des rois et des grands de ce monde en se croyant leur égal, il aime vivre royalement sur le dos du pauvre contribuable mauritanien, il ne peut pas abandonner ça surtout que tous ceux qui tiennent l’état lui doivent un poste.

Que fera Ghazouani au milieu de la machine azizienne qui tient le pays ? On le saura vite. On espère tout simplement qu’il existe aussi des forces puissantes de l’intérieur qui ont compris qu’Aziz est un danger pour tout le monde s’il revient, un danger même pour lui-même. Il faut lui interdire le pouvoir comme on interdit le casino aux joueurs compulsifs sinon la Mauritanie sera son esclave pour son seul plaisir et celui de ses rémoras.

Personnellement je n’ai rien contre l’homme et ne lui souhaite aucun malheur mais on a fini par comprendre que la Mauritanie a besoin d’un homme d’état et non d’un gentil samsar assoiffé de pouvoir, dépourvu de la moindre culture générale et sans le moindre scrupule quand il s’agit de mettre à genou un peuple, quitte à lui faire perdre la mémoire et même la tête pourvu que le délire identitaire soit au service de son pouvoir.

Qui peut neutraliser Aziz pour qu’il laisse la Mauritanie tranquille ?

Personnellement je crois que Dieu seul peut cela et je crains son retour par un moyen ou un autre car dès que Ghazouani va être investi président, commencera la vraie guerre pour le pouvoir avec d’un côté la dernière chance de changement au moins de personnalité et de l’autre l’infernal projet monarchique azizien…

 

VLANE

Source : Chezvlane (Le 28 juillet 2019)

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