Mauritanie : la nouvelle chute de l’ouguiya, un signal d’alerte à la dévaluation qui perdure

A moins de deux mois de la présidentielle, une chute de la monnaie nationale par rapport au dollar qui ne cesse de monter est une mauvaise nouvelle pour Ould Ghazouani et pour la Banque centrale de Mauritanie qui vient d’être couronnée pour sa modernisation financière.

Le dollar s’échange cette semaine à Nouakchott à 39 ouguiyas 48 soit une baisse de 0,03 pour cent. C’est le taux le plus bas qui commence à inquiéter les banques et les commerçants et sans aucun doute les autorités de Nouakchott surtout pour ses importations et le paiement de sa dette. Cette chute de la monnaie nationale relance la dévaluation qui persiste . En effet, plus de 50 ans d’existence, l’ouguiya a été dévaluée en 2018 par l’ancien président Ould Aziz pour faire face au marché noir et la circulation de faux billets. Et son successeur Ould Ghazouani hérite une situation économique difficile marquée par un endettement excessif.

Depuis 2019 cette situation semble en légère amélioration malgré une dynamique de croissance mais avec une inflation galopante à cause de la hausse des prix des produits de base. Cette chute de l’ouguiya en yoyo ces deux dernières années n’est pas une bonne nouvelle pour Ould Ghazouani à plus d’un mois de la présidentielle où il est considéré le favori à sa propre succession.

Cette monnaie qui n’est pas stable peut rendre les importations de céréales et de produits manufacturés plus chers d’où la hausse des prix. Et puis le gouvernement doit craindre la rareté des investisseurs dans un contexte où la réélection du président mauritanien peut apporter la confiance des marchés financiers envers l’économie avec la perspective en 2025 de la production de gaz et du pétrole. Et enfin la dette extérieure libellée en devises peut augmenter la dette mauritanienne qui augmente avec de nouveaux prêts notamment au FMI et à la Banque mondiale.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 02 mai 2024)

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