Crise post-électorale Mauritanie : ce que les observateurs attendent de l’opposition

Les observateurs les plus attentifs à la situation politique de la Mauritanie depuis l’avènement des militaires en 78 se sont rendus compte que la fin d’un mandat ou de deux mandats d’un pouvoir militaire n’annonce pas forcément une alternance démocratique. Pour la simple raison que c’est les présidents qui changent mais pas le régime sous vernis démocratique. Une autre raison c’est la capacité du régime à rouler dans la farine l’opposition avec la mise en place d’une opposition dialoguiste crypto-esclavagiste.

Les exemples abondent dans ce sens. Depuis Ould Mbarek sous le premier régime militaire de Ould Salek en passant par Ould Boulkhair et Ould Boidiel sous le régime de Ould Taya et de Ould Aziz et l’ancien premier ministre Sgheir Ould Mbarek sous la transition du feu Ould Vall. Autant de personnalités issues de la communauté Hraratine, mises en scène pour donner naissance à une opposition crypto-esclavagiste pour contrecarrer systématiquement l’opposition dite antisystème des afro-mauritaniens incarnés par les FLAM devenues FPC et l’AJD-MR et une opposition incarnée en première ligne par les deux principaux partis l’UFP et le RFD et plus tard par Tawassoul qui se proclament forces de changement tournées plus vers le pouvoir c’est-à-dire le changement de locataire du palais de Nouakchott.

Le pouvoir toujours en place puise son inspiration dans cette réserve d’intellectuels Hratines avec un renfort de nègres de service. Cette stratégie payante est la colonne vertébrale de l’Etat raciste et esclavagiste. La crise post-électorale actuelle est édifiante à cet égard où le régime finissant de Ould Aziz a réussi à diviser l’opposition en proposant un dialogue dans un contexte d’état de siège de la capitale prenant en otage ainsi la population pour arriver à ses propres fins.

 

Et depuis son élection en 2009 Ould Aziz ne cesse d’utiliser la même recette politique pour élever au-dessus de la scène politique l’abolitionniste Ould Abeid de militant anti-esclavagiste à un épouvantail politique pour donner l’impression d’un régime démocratique. Et c’est le président de l’IRA qui est mis en avant pour négocier les pourparlers avec le pouvoir et cela après avoir testé avec succès son alliance aux élections de septembre dernier avec le parti baathiste Sawab. Le tour est joué. Ce mariage inattendu provoque la colère des afro-mauritaniens. Ainsi donc depuis plus de 30 ans l’opposition est sa propre opposition. Sa naïveté congénitale la pousse à regarder tout le temps son nombril l’empêchant de se projeter pour l’avenir.

Les observateurs attendent que l’opposition change de lunettes pour parler le même langage et jouer la même musique et cesser enfin de croire que les militaires pourront apporter la démocratie. A condition qu’ils le veuillent. Une volonté politique qui passe nécessairement par la révision de toutes les lois du système électoral préalable de tout scrutin.

 

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 16 juillet 2019)

 

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