Elie Nkamgueu et Etienne Giros plaident pour un nouveau partenariat avec le continent qui implique aussi bien les pouvoirs publics que le secteur privé et le monde associatif.
Tribune. A l’occasion de l’événement « Parlons d’Afrique » en présence du président ghanéen Nana Akufo-Addo, jeudi 11 juillet, Emmanuel Macron a décidé de mettre à l’honneur les diasporas africaines de France. Un geste symbolique alors que le potentiel de la population d’origine africaine a été trop longtemps négligé en France. Les diasporas deviennent aujourd’hui pleinement actrices du développement d’un continent vers lequel le monde a les yeux tournés – et dont elles sont parfois considérées comme la sixième région. Une évolution que Paris a prise en compte en composant la majorité des membres du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) de binationaux représentatifs d’une population dynamique et entreprenante.
Le potentiel financier des diasporas n’est plus à démontrer. En constante augmentation, les flux financiers qu’elles envoient vers l’Afrique représentent en moyenne 70 milliards d’euros par an, un montant plus élevé que celui de l’aide publique au développement et une source de financements essentielle pour de nombreuses économies africaines. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime que ces flux constituent 51 % des entrées de capitaux privés sur le continent. Ils peuvent représenter jusqu’à 20 % du produit intérieur brut (PIB) de certains pays. Aujourd’hui, cette manne financière permet à de nombreuses familles africaines de couvrir des dépenses de base du quotidien mais ne participe pas à de véritables projets de développement.
Selon le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), si 10 % seulement de ces flux étaient dirigés vers des investissements structurants ou des créations d’entreprise en Afrique, le continent bénéficierait d’une source de financement de 7 milliards d’euros par an, soit l’équivalent de 15 % des investissements directs étrangers annuels. Alors que 10 milliards de ces flux proviennent de la France, nous devons favoriser les initiatives permettant d’orienter une partie des transferts de fonds de la diaspora vers le capital-investissement et les projets.
Légitimité culturelle
En parallèle, on constate un engouement au sein des diasporas – notamment chez les étudiants et les jeunes actifs – pour le continent africain et les nombreuses opportunités économiques qu’il offre. Selon le cabinet de recrutement Talent2Africa, 76 % des jeunes africains de la diaspora veulent s’impliquer dans l’essor du continent. Ils sont de plus en plus nombreux à regarder vers l’Afrique, soit pour s’y installer, soit pour y investir ou s’y impliquer.
Pour les entreprises françaises, ces membres de la diaspora sont un avantage comparatif important alors que la concurrence chinoise, indienne ou turque s’étoffe sur le continent africain. Ils offrent une meilleure compréhension du marché mêlant légitimité culturelle et capacité à s’implanter et à construire des relations sur le long terme. Alors qu’un nombre croissant d’entreprises françaises opèrent en Afrique, revendiquant un comportement respectueux des principes de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), les membres de la diaspora ont tout intérêt à miser sur les expériences offertes par ces sociétés hexagonales, grands groupes ou PME.
La France a aujourd’hui une occasion unique de repenser sa politique à l’égard du continent africain. Des pouvoirs publics au secteur privé en passant par le monde associatif, un nouveau partenariat doit être mis en place où les diasporas africaines joueront pleinement leur rôle. Ces personnalités issues de la diaspora sont les meilleures ambassadrices d’une relation Afrique-France tournée vers l’avenir.
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Elie Nkamgueu est le président du Club Efficience. Etienne Giros est le président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique.
Source : Le Monde
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