D’après la presse hongkongaise et internationale, la suspension du projet d’amendements autorisant l’extradition vers la Chine constitue un revers politique non seulement pour l’exécutif mais aussi pour Pékin. Ce dimanche, une nouvelle grande manifestation a lieu afin d’exiger le retrait du texte.
En suspendant indéfiniment un projet d’amendements permettant l’extradition de suspects en Chine continentale et à Taïwan, le 15 juin, la chef de l’exécutif hongkongais Carrie Lam a acté “le plus important recul de la Chine sur une question politique depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012”, estime The New York Times. Le journal américain note que le président chinois avait personnellement demandé, à l’automne dernier, la mise en place par Hong Kong de “lois de sécurité nationale contre la sédition, la subversion, la sécession et la trahison”. Une telle législation sera désormais difficile à faire passer.
On ignore si la décision de faire machine arrière face aux manifestations massives a été prise en concertation avec Pékin. Une source du South China Morning Post affirme que Carrie Lam a rencontré préalablement Han Zheng, qui suit les questions relatives à Hong Kong au sein du comité permanent du Politburo, le bureau politique du Parti communiste chinois.
Des observateurs interrogés par le journal hongkongais jugent que la Chine a forcément donné son aval sur une question qui touche à la sécurité nationale. Tian Feilong, de l’université Beihang à Pékin, pense que le pouvoir chinois a voulu éviter de nouvelles violences dans la rue et ne pas se retrouver pris dans une crise politique majeure alors qu’il doit déjà gérer la guerre commerciale et technologique avec les États-Unis.
Une mer de noir dans la rue
La rue n’est pourtant pas apaisée. Ce dimanche 16 juin, des dizaines de milliers de Hongkongais vêtus de noir sont à nouveau descendus dans la rue, exigeant le retrait du texte sur l’extradition. Beaucoup appellent Carrie Lam à démissionner, rapporte le South China Morning Post.
Dans son éditorial ce matin, le grand quotidien de Hong Kong Ming Pao, aux positions plutôt modérées, souligne que “le coût de cette crise est très élevé ; l’émotion dans la société ne se calme pas, la division politique s’est accentuée, les blessures mettront du temps à se fermer. Le gouvernement doit réfléchir à comment apaiser la colère populaire, la première initiative doit être de présenter ses excuses à la population pour cet amendement expéditif”, ajoute le journal. Et de poursuivre :
La dispute sur l’amendement au sujet de l’extradition a gravement endommagé les relations et la confiance entre l’administration et la population ; la suspension du projet n’aura pas forcément des résultats positifs pour tout le monde ; une partie des opposants réclament résolument son retrait et ils ne lâcheront pas facilement. […] C’est pourquoi le plus important est aujourd’hui que chacun garde son calme pour éviter que Hong Kong ne soit encore blessée.”
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