Des cerveaux de cochons morts ont été remis en marche

Grâce à un système artificiel, des scientifiques ont réussi à restaurer partiellement leur activité cérébrale.

C’est une nouvelle expérience inédite qui lève un peu plus le voile sur les mystères entourant encore le cerveau. Aux États-Unis, des scientifiques ont mis au point un système permettant de rétablir une partie de l’activité cérébrale de porcs déjà morts.

Publiés dans la revue Nature, ces travaux ont été menés par une équipe de l’université de Yale dirigée par Nenad Sestan, professeur de neurosciences. Trente-deux cerveaux de porcs provenants d’abattoirs ont été nécessaires pour confirmer les conclusions de l’étude.

Un liquide à la place du sang

 

Quelques minutes après le décès d’un être humain ou d’un autre mammifère, l’arrêt du flux sanguin provoque des lésions irréversibles conduisant à l’arrêt total du cerveau. Pour surmonter cet obstacle, le professeur Sestan et ses collègues ont créé un système inédit pour atténuer le processus de dégradation post-mortem des tissus du cerveau des porcins.

Plus connu sous l’appellation scientifique BrainEx, ce procédé consiste à injecter un liquide de substitution au sang qui transporte des nutriments, de l’oxygène, des stabilisateurs ou encore des bloqueurs d’activité.

Quand les neurones ont été privés d’oxygène et de circulation sanguine, «ils s’agitent très rapidement, ce qui ironiquement les mène à leur perte», explique Stefano Daniele, l’un des co-auteurs de l’étude. Tout l’enjeu pour les scientifiques était de protéger ces neurones, notamment à l’aide de bloqueurs de canaux sodiques, habituellement utilisés pour des malades souffrant de convulsions.

Après imagerie et injection du liquide de substitution, les scientifiques ont noté «une diminution de cellules mortes dans les cerveaux utilisés» et même le reveil de certains neurones. Si ces résultats sont encourageants, Nenad Sestan souligne que la recherche n’en est encore qu’à ses débuts: «Cette expérience ne peut pas s’appliquer aux êtres humains pour le moment. Ce n’est pas un cerveau vivant qui fonctionne», simplement «un cerveau actif au niveau cellulaire».

Un premier pas pour traiter la maladie d’Alzheimer?

 

«Cette méthode pourrait être utilisée pour développer de nouveaux traitements pour les personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral ou souffrant d’autres lésions cérébrales», indique L. Syd M Johnson, spécialiste de la neuroéthique.

La professeure Tara Spiers-Jones de l’université d’Édimbourg, citée par le Guardian voit elle dans cette étude le moyen d’accéder à «une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau, essentielle pour comprendre ce qui fait de nous un être humain. Ces recherches nous aideront à traiter des maladies du cerveau dévastatrices telles que la maladie d’Alzheimer.» Même si, ajoute-t-elle, on est loin, avec ces résultats, d’avoir trouvé une méthode de «préservation de la pensée et de la personnalité».

Repéré par  Hakim Mokadem

Repéré sur The Atlantic

Source : Slate (France)

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