Le 8 mars est connu pour être la Journée internationale des femmes. Si c’est un prétexte, à de nombreuses d’organisations nationales et internationales de parader, pour l’Association des Gestionnaires pour le Développement (AGD) et ses partenaires c’est plus que ça. Prétexte est saisi avec la thématique de l’année : « Penser équitablement, (bâtir intelligemment), innover pour le changement » – Autonomisation des femmes !
Sous sa Khaïma de Sebkha, AGD a fait appel à un panel au cœur des problématiques : Dewel Diop, sociologue et formatrice en Développement communautaire, Tabara Bâ présidente de l’ONG DEFA, secrétaire générale de Tabital pulaagu Mauritanie et conseillère régionale de Nouakchott, Khoudiédie Camara présidente des Jeunes Ambassadeurs affilié au partenariat de Ouagadougou et Fatimata Bâ, membre de l’ONG AISER très impliquée dans tout ce qui touche à l’entreprenariat des femmes.
Avant que les panélistes ne prennent la parole Laura LUNGAROTTI, de l’OIM et dont l’organisation soutient le projet EMELI financé par l’USAID, place le décor : « Le thème du jour nous invite à réfléchir à des moyens innovants devant faire avancer l’égalité hommes-femmes et
participer à l’autonomisation de toutes les femmes à travers le monde. L’égalité entre les sexes n’est pas seulement un droit fondamental, mais un fondement nécessaire pour un monde durable, prospère et en paix », dit-elle.
Lui succédant, Joan Dodman de l’ambassade des Etats-Unis, dit qu’il est important que chacun et chacune prenne le temps de s’arrêter et d’évoquer la condition des femmes et des filles. Car sans une vie équilibrée de celles-ci, nulle paix ne peut se gagner, quand bien même le changement n’est pas quelque chose de facile. D’où le fait qu’il faudra toujours se mobiliser au-delà de la seule journée du 8 mars. Dewel Diop, en axant son argumentaire sur l’accès des femmes aux terres, souligne les pesanteurs sociales qui constituent de réels blocages à l’épanouissement de celles-ci. Plus actives dans l’informel, les femmes restent toujours redevables de la bonne compréhension des hommes. On leur fait peu confiance, malgré leurs dévouements et bonnes volontés.
Les femmes ont besoin d’être mieux structurées pour forcer les portes de leurs autonomies. Ce combat passe aussi par la lutte contre l’analphabétisme, la scolarisation des filles et femmes même en âges avancés. Dans ce registre, il faudra ajouter aussi la dividende démographique passant par la planification familiale, comme le dira Khoudjedji Camara. Dans ses actions, Khoudjedji qui est ambassadrice de la Santé de la reproduction exhorte à une planification familiale, un regard mesuré sur l’aspiration au nombre d’enfants afin de pouvoir assurer l’éducation réussie de ceux-ci. Tabara Bâ, universitaire et active dans l’alphabétisation et la formation, insistera sur la part de temps à accorder à l’éducation. « Au-delà de tout militantisme, il faudra comprendre que rien ne peut se construire sur la durée sans l’éducation. » Et ceci n’est pas que l’affaire des femmes, car si on est éduqué, on l’est pour toute la société. Après seulement on pourrait s’arrimer sur l’action productive. Une marche vers l’entreprenariat qu’appel de tous ses vœux Fatimata Bâ. La dynamique viendra de là.
Puisque, si comme le souligne la Chef de mission l’OIM de nombreux progrès ont été accomplis, les femmes et les filles continuent à souffrir de discrimination et de violence. Et pour cause : dans le monde, 750 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, 49 pays ne disposent pas de loi protégeant les femmes contre les violences conjugales, alors qu’1 femme sur 5 rapporte avoir été victime de diverses formes de viols dans les 12 derniers mois ; les mutilations génitales féminines n’ont baissé que de 30% les 10 dernières années, et qu’à ce jour si elles ont intégré les sphères politiques, les femmes ne représentent que 23.7% dans les Parlements nationaux. Autant dire qu’on est encore loin de la parité revendiquée.
Les unes et les autres encouragent alors à plus de sensibilisations. Et le cas de Sebkha où AGD opère régulièrement des actions en direction de toutes les couches est un exemple inspirant, soulignent les intervenantes qui saluent la disponibilité et bonne collaboration avec les autorités locales.
Cette journée du 8 mars, qui a accueilli un beau poème dédié aux femmes par le jeune Alassane Sow, constitue une marche supplémentaire dans les ambitions du projet EMELI qui conclue par un match de football féminin qui opposa dans l’après-midi les formations FC Camara et FC Thiolito. La première l’a emporté par 4 buts à 3 à l’issue d’un palpitant match conduit aux tirs aux buts, preuve de la vitalité des joueuses qui ont bien mouillé les maillots. Les femmes ont de la force et endurantes. Alors, écoutons-les !
Bocar Sow
Source : Traversees Mauritanides
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