Mauritanie : Ould Abeid tire les leçons du passé

C’est un véritable plaidoyer pour une Mauritanie émancipée du populisme du racisme et du fanatisme religieux que le président de l’IRA s’est livré au lendemain de son accord scellé avec le parti extrémiste arabe Sawab devant la presse à Nouakchott.Pour Ould Abeid c’est une avancée dans la maturation du mouvement abolitionniste pour participer aux prochaines législatives municipales et régionales.Pour les observateurs qu’elles que soient les raisons avancées par le leader Hratin ce pacte remet en cause les principes d’une mouvance progressiste.

 

L’IRA un mouvement anti-esclavagiste créé en 2000 victime de l’ostracisme des régimes en place est un secret de polichinelle.De même que c’est une ONG non reconnue officiellement malgré sa reconnaissance internationale qui a valu à son président plusieurs prix internationaux des droits de l’homme.C’est vrai aussi que Ould Abeid a vécu pendant les 10 années d’existence de l’IRA des persécutions en particulier du régime de Ould Aziz ,arrestations, emprisonnement, tortures.Et ses libérations successives n’ont été possibles que grâce à la pression médiatique et à la communauté internationale.

Sur la scène nationale il s’est frayé donc un chemin et son aura lui a permis même de briguer pour la première fois le fauteuil présidentiel en 2014 avec de bons résultats arrivant deuxième loin derrière le président sortant Ould Aziz.Et son implication dans la lutte de tous les opprimés en Mauritanie a eu un écho favorable au sein de l’opposition.Et c’est ce combattant de la liberté après une décennie de combat contre l’esclavage qui aujourd’hui tourne la page en scellant un accord cette semaine avec un parti nationaliste arabe d’obédience baasiste, un ennemi héréditaire antipode du progressisme en Mauritanie.

Au lendemain de ce pacte qui continue de susciter des polémiques sur les réseaux sociaux et la presse nationale, le président de l’IRA s’est livré à un véritable plaidoyer pour une Mauritanie émancipée du populisme du racisme et du fanatisme religieux. Un triple défi qui ne peut être relevé que dans la représentation nationale laisse penser le leader Hratin.C’est le sens du mariage avec Sawab qui qui devra le conduire à briguer des postes au futur parlement et jouer un rôle important dans l’investiture des maires et des présidents de régions.Une avancée en tout cas dans la maturation politique mais considérée par les observateurs comme une subordination à un parti esclavagiste qui prône l’exclusion des noirs dans la gouvernance du pays. Au de-là de tous les arguments avancés par Ould Abeid ce pacte l’enferme dans un autre esclavage sournois invisible du parrain qui dicte sa loi pour en tirer bénéfice.L’accord scellé est en net avantage pour le président Ould Horma qui redore son blason en espérant engranger un groupe parlementaire et des conseils régionaux pour revenir au pouvoir certainement dans quelques années.Peu importe les raisons invoquées, le problème de fond est celui d’une cooptation par un parti politiquement incorrect.

En réalité c’est c’est un mariage qui remet en cause d’abord la probité de Ould Abeid et ensuite les principes auxquels son mouvement progressiste est attaché c’est à dire les valeurs de respect d’égalité et de justice. L’IRA n’est pas le seul mouvement interdit par le régime de Ould Aziz .Il partage ce rejet avec les FPC de Samba Thiam chef historique des FLAM qui a échappé de justesse le mouroir de Oualata et aujourd’hui rentré au bercail après plus de 27 ans d’exil pour proposer un nouveau projet sociétal pour tous les mauritaniens.Cette espace commune nationale est favorable à la convergence des luttes pour vaincre le racisme d’Etat dans ce pays.

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 01 juin  2018)

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