Vu du Burkina Faso – 1 an de Macron : “un silence toujours coupable face aux dictateurs africains”

Depuis un an, Emmanuel Macron s’est souvent rendu sur le continent africain. Mais pour cet éditorialiste burkinabé, rien n’a vraiment changé dans la politique de la France, malgré les promesses du discours de Ouagadougou en novembre dernier.

Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron, laissait sur le carreau tous les vieux briscards de la scène politique française et arrivait triomphalement à l’Élysée, au terme d’un combat électoral des plus serrés. Voilà un an, donc, que l’Hexagone vit sous l’ère Macron.

Alors qu’à l’occasion, les Français s’essayent à l’exercice du bilan, les Africains, eux, s’interrogent sur le discours mémorable et mirobolant de Ouagadougou, prononcé le 28 novembre 2017, qui définissait la politique française du jeune président sur le continent.

Sur le plan politique, le constat est le suivant :  alors que l’on s’attendait à ce que Macron insuffle à la démocratisation en Afrique une dynamique nouvelle, conformément à sa promesse “d’être aux côtés de ceux qui travaillent au quotidien à rendre la démocratie et l’État de droit irréversibles”, c’est à l’habituel louvoiement français que l’on assiste.

Déby et Gnassingbé ménagés par Macron

 

Fidèle à la maxime du général Charles de Gaulle selon laquelle “la France n’a ni amis ni ennemis, la France n’a que des intérêts”, Macron a opté, au nom des intérêts géostratégiques et économiques français, pour le silence que l’on peut, sans coup férir, qualifier de coupable face à des satrapes comme Idriss Itno Deby. Après plus de trois décennies au pouvoir, ce dernier procède au tripatouillage de la constitution tchadienne pour se frayer le boulevard d’un règne à vie. Ou comme le Togolais Faure Gnassingbé qui s’apparente, en Afrique de l’ouest, à la brebis galeuse de la démocratie.

La France de Macron laisse ainsi orphelins les peuples africains en proie aux dictatures, au moment où l’Amérique de Donald Trump, elle aussi, a tourné le dos au continent dans un élan de repli sur elle-même.

Certes, l’on ne demande pas à Macron d’alimenter les révolutions politiques en Afrique comme il l’a si bien dit à Ouagadougou en ces termes :

Le Président de la République française n’a pas à expliquer dans un pays africain comment on organise la Constitution, comment on organise des élections ou la vie libre de l’opposition.”

Mais l’on sait tout de même que si la France décide de lâcher un dictateur en Afrique, les carottes seront cuites pour lui.

Sur le plan sécuritaire, si [la force française antiterroriste] Barkhane continue de casser du djihadiste dans la bande sahélo-saharienne, l’empressement du président Macron à voir une force opérationnelle du G5 Sahel, s’en trouve freiné par des questions budgétaires. Pendant ce temps, en réaction aux actions des forces françaises, les fous d’Allah continuent de déverser leur bile sur les pays membres du G5S.

Ne rien attendre de la France

 

Enfin, sur le plan social, la promesse de l’éducation, de la formation et de l’emploi pour la jeunesse traîne à produire ses effets alors que des colonnes entières de migrants continuent d’affronter les sables brûlants du désert ou les vagues impitoyables de la Méditerranée.

En somme, l’on peut dire que l’ère Macron n’a encore rien amené de nouveau sous le soleil ardent d’Afrique. Cela dit, les Africains ne devraient pas attendre de Macron qu’il transforme leur continent en jardin d’Eden. Car avant tout, il a été élu pour servir les intérêts français et c’est aux seuls Français qu’il doit des comptes.

Du reste, si les changements à l’Élysée suffisaient à produire le développement en Afrique, nul doute que le continent caracolerait en tête des pays développés. Aux peuples africains donc de prendre leur destin en main.

 

Saho
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