Etre citoyen mauritanien !

Etre citoyen mauritanien ! Quelle simple formule, si simple qu’elle semble, pour certains,  provocatrice, dépourvue  de sens,   une vétille ne méritant pas qu’on s’y attarde.

Pourtant, si évidente qu’elle le soit, elle mérite qu’on en parle,  car pour beaucoup de mauritaniens,  en l’absence d’une forte tradition étatique, la citoyenneté se réduit à une simple détention d’une carte d’identité ou d’un passeport, alors qu’elle  est beaucoup plus :  l’expression vivante de  l’amour de la patrie ;  et qui,  comme l’amour maternel,  se vit, se sent, et s’assume à travers une relation charnelle qui s’accomplit entre l’âme et le sol,  comme   une fidélité sublime,   une obligation morale et religieuse .    

 C’est   s’attacher à chacun des  intérêts  moraux et matériels de la nation, comme aux siens propres, en les élevant haut sur le pavois,  nonobstant  le  point de vue  politique et  l’appartenance sociale ou ethnique. C’est se glorifier de la Mauritanie : en  s’élevant dans les succès qu’elle obtient ;   en se réjouissant  de  sa place retrouvée dans le concert des nations ; en se  félicitant  de  ses réalisations,  de son progrès  et du climat de sécurité qui y règne ; en s’interposant vigoureusement  contre toute  attaque   qui  vise  son intégrité nationale,   flétrit  son image de marque et  entache sa crédibilité.

 C’est être aussi un solide rempart contre  tous  ceux  qui font de  la haine raciale et ethnique, de la libération  des  forces centrifuges et de l’exaltation des particularismes séparateurs , leur  crédo politique ;  être  implacable avec tous  ceux  qui instrumentalisent notre féconde diversité pour des fins personnelles  en  jouant sur le clavier de la division et de la confrontation,  en soufflant à la moindre incartade  sur les braises du feu  de  l’ethnicisme  pour défendre  l’ethnie, le nationalisme étroit et chauvin pour la nationalité, le tribalisme pour la tribu, le régionalisme pour la région, le fanatisme obtus  pour la religion.    

 C’est enfin se protéger  contre   la manipulation des  rayons de l’étranger toujours pernicieux,  qu’ils émanent d’un pays frère ou ami. Car dans toutes les sociétés du monde, aujourd’hui comme naguère, et naguère comme jadis, être au service d’un pays  étranger  contre son sien propre, quels que soient   la raison et l’alibi  invoqués,  est une attitude ignoble, un comportement indigne  que notre sainte religion  interdit, notre système de valeurs stigmatise et notre loi punit.

Mais en s’acquittant pleinement  de ses obligations  envers son pays, le   citoyen  a  aussi  ses droits inaliénables que  lui  confèrent notre constitution et  notre large espace de liberté et de démocratie ; il est libre    d’avoir son propre point de vue politique, de le défendre avec bonne foi et objectivité constructive  non pas pour injurier, diffamer et  déformer le réel par le petit bout de la lorgnette, mais pour mieux participer au raffermissement  de notre unité nationale,  de  notre démocratie   et  pour  l’élargissement du segment  de nos grands acquis enregistrés.

En un mot, être un bon citoyen, c’est faire de la patrie mauritanienne, au-delà de nos opinions politiques et de notre appartenance ethnique, notre mantra, notre seule devise, notre unique étendard ;  c’est chercher ce qui unit et  renforce la patrie, et non ce qui la divise et  l’affaiblit.

 C’est seulement à cette aune  que  le degré de notre citoyenneté  doit être mesuré.   

 

Docteur  Abdallahi  Ould  Nem

 

(Reçu à Kassataya le 8 janvier 2017)

 

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