Légitimité par voix aux râles

Le terme "urnes" ne m'a jamais inspiré confiance. Dans ma conception bizarre des choses on "urne" sur quelque chose, pas "pour" quelque chose. Sauf dans cette situation particulière et singulièrement anti-islamique ou les "urnes", gâtent la prière ou empêchent de toucher le livre sacré.

 

J'ai toujours imagine que ces petites boites, qu'on se tue à rendre transparentes, sont autant d'espace exigües, étroits et ridicules ou on force toute une population à s'entasser, comme dans une tirelire. J'imagine ces cranes brillants d'innocence et de lisses de naïveté qu'on force dans ces petits cubes à transformer les vérités en mensonges.

Des paquets entiers d'être humains, étiquetés selon qu'ils soient manufacturés par un chef de tribu, un maitre, libre de ses exactions, un fonctionnaire fin et diplomate ayant réussi comme font les reines des abeilles à se faire grossir par une ruche d'ignorants et d'ignares qui le suivent pour que la tribu ne soit pas "derrière" les autres tribus.

Parfois des groupes compactes de miséreux rassemblés par 20 ou trente mille ouguiyas, sous une tente pour soutenir…soutenir qui? Aucune importance!! L'essentiel est que pendant quelques nuits le thé, la dance et les veillées nocturnes seront le bonheur d'un instant. Quand on ouvre la main on peut tout obtenir.

Apres les youyous, les poèmes et les klaxons, viendra le temps des râles. Les chefs tous puissants ont été trôné là ou ils cherchaient à être. Sonne l'heure de récupérer les sommes, appâts qui ont drainé les poissons vers ces fameuses urnes.

Le peuple vient ainsi et pour la énième fois de célébrer un mariage avec "la vieille". Chez nous tout le monde sait qu'on épouse aisément la vieille, mais que pour la divorcer c'est une toute autre histoire.

Le chef des chefs, naguère baignant dans les foules tièdes et caracolant dans les masses en liesse, va s'enfermer dans sa tour d'ivoire. Impossible d'y voir une brèche. Zone hermétique, qui cependant, ces dernières années, telle un mur des lamentations, va permettre aux chers citoyens de venir se recueillir et verser une larme sur les espoirs perdus.

Les députés, bien callés dans leurs fauteuils importés de pays civilisés vont se balancer discuter, se taquiner en aparté.

Pendant ce temps et en même temps, celui "à qui le tour", commence à débiter des litanies s'efforçant d'être de bonne foi, pour rassurer les foies desséchés de ceux qui ont accroché sur sa nomination tous leurs espoirs. Il sait que dans la salle personne ne l'écoute. A part peut-être le président obligé de surveiller le chronomètre pour garantir l'allure sérieuse des interventions.

Les maires sont plus stricts surtout pour la collecte des impôts. Impôts sur ce que vous avez, ce que vous n'avez pas encore, ce que vous auriez du avoir et bien sur, ce qu'il vous était possible d'avoir et que vous n'avez pas eu. Pour l'effort communal en vue d'améliorer l'hygiène des citoyens, par exemple, ce n'est pas urgent. On s'en occupera en temps du. D'autres s'en occuperont poussés par la gêne. N'a-t-on pas vu le chef de l'état balayer les rues?

Tous ces responsables oublient souvent que la prospérité d'un peuple constitue la harpe de ses dirigeants. On ne peut perfectionner la symphonie d'un peuple sur des cordes cassées ou des fausses notes.

Aujourd'hui encore, nous revenons à une autre case, parmi les nombreuses cases de nos faux départs. L'opposition légitime, veut discuter avec le gouvernement légitime, pour sortir une légitimité, légitime de gouverner ce peuple.

Nous n'avons même pas le droit de penser à la légitime défense. Nous sommes éternellement ces voix qui par la voie de ceux qui accordent ou discordent nos voix, votons pour ne jamais être. Nous sommes condamnés à ne jamais rien être. Nos fils, par lesquels nous avons espéré lever le visage au ciel, comme tous les peuples de la terre, ont préféré faire de nous une matière première modelable à la mesure de leurs caprices insatiables et de leurs ambitions inhumaines.

Tous, ont trouvé une raison de nous pétrir à leurs convenances. Qui par la tribu, qui par la religion, qui par la politique, qui par le présent, qui par l'histoire. Un slogan unanime: "Tu me suis, je t'essuie". Tu n'existe que par moi, pour moi. Ne pense pas, ne comprends pas. Pourquoi chercherais-tu à comprendre? Si tu prie pour Allah, passe par ma façon de voir de concevoir. L'essentiel est que tu reste remorqué à mes sens. Les tiens n'ont ni sens ni importance. C'est ainsi que le ciel en a décidé et que la loi stipule.

Nous avons froid, nous avons faim, nous avons besoin de médicaments de protection contre les menaces effrayantes de cette fin des temps. Des menaces, chaque jour plus précises et plus meurtrières. Nous avons besoin d'un avenir pour nos enfants qui nous ont couté tout ce que nous avons eu. Nous avons besoin de sentir que comme les habitants de la terre, nous avons une dignité, une fierté, un espoir. Une protection dans les draps de chez nous; et non chez les autres.

Que nous apporte que l'opposition et le gouvernement soient d'accords? D'accord pour quoi? Et sur quels accords? Si c'est pour légitimer en double notre consommation, inutile. Nous préférons rester avec ceux qui ont déjà commencé. Eux au moins, sont plus ou moins rassasiés. Les morsures seront moins douloureuses. Nous n'avons pas assez de chair, pour la férocité de nouveaux prédateurs.

Ce peuple vous supplie de ne pas en faire la risée du monde. Nous sommes une nation pour laquelle les humiliations, la honte  et échecs sont mortels.

Gouverne qui pourra et qui voudra. L'essentiel est que vous réalisez que ces jeux de tiraillements affectueux ne trompent plus personne dans ce pays.

Essayez d'être les étoiles que nous avons toujours rêvé que vous serez, pour éclairer le ciel de ce pays de 3 millions de paisibles citoyens; ou éclipsez vous. Personne ne vous pleurera.

Vous étiez notre rendez-vous avec l'avenir. Vous avez manqué, pour ne pas dire trahi le rendez-vous.

Aux fronts luisant de fierté et de prospérité de nos mères de nos sœurs, de nos épouses, vous avez préféré de vous bousculer, toutes canines dehors, pour l'argent et le pouvoir.

Pourquoi cherchez-vous l'esclavage ou les séquelles d'esclavage dans les jupes du passé ? Dans l'ancien temps l'esclave était nourri, défendu, presque respecte. Le vrai esclavage est celui de tenir un peuple en laisse pour le tourner et le retourner sans cesse dans les marres du mépris du sous développement, de la pauvreté de la discorde et du besoin.

Une culture, une intelligence, une puissance, toutes utilisées à mauvais escient. Il est vrai que "science sans conscience n'est que ruine de l'âme"

Pensez aux termes "légitimité", "dictature", "tricherie" et faites vos jeux. Quelque part, vous êtes responsables de quelque chose. Si ce n'est pas devant les hommes et devant l'histoire, obligatoirement devant Dieu, vous comparaitrez et rendrez compte.

Ces partis, ces coalisions, c'est tendances, ces alliances tribales, sont ils pour le peuple ou pour s'imposer au peuple? Franchement être responsable chez nous c'est pour servir ou se servir?

Soyons francs. Entre membres de la famille on ne se cache rien. Sauf qu'il faut dire a qui veut ou ne veut pas entendre que se sculpter une prospérité sur le squelette de son peuple n'apportera jamais une sérénité des âmes. "Allah n'aime pas les infidèles" (et ici infidèles aux leurs.)

Cherchez votre intérêt peut aller en symbiose avec le dévouement a ce peuple. Nous ne mangeons plus les paroles. Nous ne mangerons plus les paroles. Ce que nous cherchons au delà de l'horizon, c'est une lueur d'espoir que ce pays cette année soit mieux que l'année passée et que l'année prochaine, nos enfants après avoir laissé leurs plumes sur les bancs des universités, ne vont pas végéter a Nouakchott, pour compter les poteaux électriques, ou être jetés en proie au terrorisme ou a la dépravation. Ceci est d'autant plus douloureux que des vieillards qui ne peuvent plus se tenir debout, s'accrochent à une viande fraiche, qu'ils n'ont même plus de dents pour dévorer.

Nous voulons que quelque chose, de toutes ces choses, soit consacré aux soins pour nos vieillards, que nos mères et nos femmes accouchent dans un lieu décent, que nos citoyens dorment en sécurité.

Ce peuple n'a été affaibli que le jour ou sa division en mille morceaux, a été nécessaire aux justificatifs de leaderships de certains de ses fils en mal de pouvoir et de richesses.

C'est a partir de ce moment que le précieux a été sacrifié pour le futile et que les enfants sont perdus.

Regardez le miroir du peuple. Il vous reflète la réalité de votre conscience et le résultat chancelant de vos efforts.

Discutez ou ne discutez pas. Nous ne mangeons plus les paroles. Nous ne mangerons plus la parole. Vous avez beaucoup parlé. Faites quelque chose maintenant. Allah vous observe ainsi que les voix aux râles, que vous entendez quelquefois, par les nuits tièdes de Nouakchott, quand un enfant a le ventre vide, qu'un vieillard, malade grelotte, loin d'un hôpital, qui n'a plus d'hôpital que le nom; ou qu'un jeune, le front soucieux, les larmes aux yeux, la dignité perdue, scrute le ciel se demandant quel péché il a bien pu commettre, pour naitre au milieu d'une telle indifférence.

Sachez que même la manière de traiter vos animaux sera retenue contre vous et pèsera lourdement dans la balance de la quiétude que vous cherchez fébrilement.

Vous n'obtiendrez la paix que par le triomphe des principes et la force de la droiture. Tous les mensonges du monde ne valent pas une seule vérité.

 

Mohamed Hanefi

Koweït

 

(Reçu à Kassataya le 24 janvier 2014)

 

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