En Inde, un été d’affrontement avec la police a rendu aveugles des centaines de manifestants

Au Cachemire, les forces de l’ordre ont tiré dans la foule des plombs très fins, provoquant de nombreux aveuglements.

Les affrontements sont passés inaperçus dans les médias occidentaux. Cet été, dans la région du Cachemire, le conflit territorial entre l’Inde et le Pakistan qui dure depuis la fin des années 1940 a pris un nouveau tournant après la mort d’un jeune militant indépendantiste Burhan Wani. Le gouvernement indien a dû alors, comme l’explique la BBC, «combattre l’idéologie que Wani promouvait, et qui trouve un véritable écho dans l’accumulation de ressentiment après sa mort» au sein de son groupe de partisans et au-delà.

En juillet, l'État a alors décidé de répondre aux manifestations en utilisant des munitions non-létales faites de plombs très fins, tuant plus de 90 personnes et blessant 17.000 autres, raconte le Guardian. Au début, «plus de 500 personnes, la plupart jeunes, se sont fait tirer en pleine face avec des fusils à pompes chargés au plomb que les forces indiennes utilisent habituellement pour mettre fin aux manifestations. Ces armes envoient à chaque coup des centaines de petits plombs capables de percer l’œil.» 1.3 million de billes de métal ont été tirés sur des manifestants, la plupart non armés. «Des enfants âgés parfois de 4 ou 5 ans ont maintenant des plombs dans leur rétine, les rendant partiellement aveugles ou aveugles à vie.»

Mémoire collective

Le gouvernement indien a vite réagi à la polémique, mais simplement pour expliquer que les policiers continueront à utiliser ces armes tant qu’une alternative viable n’est pas trouvée. À la fin du mois d’août, 6.000 personnes étaient blessées par ce plomb et 972 souffraient de blessures aux yeux.

«Selon les informations du SMHS, le principal hôpital de Srinagar, 570 personnes ont eu besoin d’un traitement après que leurs yeux ont été frappés par ces billes. Les ophtalmologistes de l’hôpital ont fait plus d’opérations en trois jours, du 10 au 12 juillet, que pendant les trois années précédentes.»

Malgré la censure en vigueur dans la région, des images de personnes blessées ont commencé à circuler sur internet et dans certaines agences de presse. Mais comme la majorité des manifestants blessés n’étaient pas touchés aux yeux, les choix policiers ont progressivement réussi à échapper à l’indignation collective. Un responsable de la sécurité dans le pays a même estimé que ces armes avaient «sauvé des vies».

Cette instauration d’une normalité et l’effacement de la mémoire de la violence des affrontements fait peur au journaliste du Guardian, qui estime néanmoins que, «quand cette nouvelle génération de personnes cherchant la liberté grandira aveugle, estropiée, elle portera nos consciences remplies de remords à notre place. Ils se souviendront plus que ce qu’ils ont vu. Ils vont certainement se rappeler plus qu’ils ne le croient. Ils rappelleront au pays ce qu’il leur a fait.»

 

Repéré par Vincent Manilève

 

Source : Slate

 

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