Mauritanie : enjeux des élections municipales et législatives de 2017

Les mauritaniens sont appelés aux urnes en 2017 pour une nouvelle majorité à l'assemblée nationale et de nouveaux maires après un référendum d'ici la fin de l'année pour supprimer le Sénat et créer de conseillers régionaux.C'est l'un des points forts du dialogue national qui vient de prendre fin cette semaine à Nouakchott .

Les observateurs ne s'attendent pas à de grands changements surtout avec un fichier électoral contesté par l'opposition et malgré un toilettage de la CENI( commission électorale nationale et indépendante).

Ces élections anticipées conséquences de l'accord politique scellé entre la majorité et l'opposition dialoguiste au palais des congrés cette semaine à Nouakchott risquent de faire des mécontents au sein de l'UPR, le parti de la majorité qui détient avec ses alliés 108 sur les 147 sièges et 154 communes sur les 218 que compte le pays.Ces grognes viendraient surtout des irréductibles du régime qui ont peur de perdre leur poste au sein du parti et du gouvernement au profit de nouveaux opportunistes qui pourraient répéter le même scénario de division des élections précédentes qui a failli imploser le parti. Ensuite la grande inconnue de conseillers régionaux risque bien de créer des remous au sein des militants et du futur gouvernement qui pourrait faire émerger un cumul des mandats certainement.En attendant il va falloir se concentrer sur le référendum d'ici la fin de l'année pour susciter un élan populaire.

C'est le seul moyen de traduire dans les faits les ambitions de leur chef.C'est l'opposition au parlement actuel qui va le plus redouter les consultations populaires anticipées..En première ligne le parti islamiste de Ould Mansour première force de l'opposition avec 16 sièges et 150 communes.C'est un parti qui a le vent en poupe depuis un certain nombre d'années avec de nouvelles adhésions mais son chef historique n'a plus des coudées franches au sein du FNDU qui a boycotté le dialogue national et même les élections précédentes.C'est une incertitude pour l'avenir. L'opposition dialoguiste représentée par El Wiam de Bodiel avec 10 députés ne craint pas beaucoup.Cet ancien baron du régime de Ould Taya est également proche de Ould Aziz.Quant à l'APP de Ould Boulkheir avec 7 sièges à l'assemblée nationale est le plus énigmatique des personnages. Il a osé se retirer du dialogue pour protester contre le 3ème mandat présidentiel.Le patron du conseil économique et social n'a pas certainement envie de tout perdre.Au moins une présidence de région serait une aubaine.Il en a les compétences.

Et enfin l'un des enjeux principaux du futur hémicycle est la présence des partis négro-mauritaniens qui ont du mal à s'unir mais l'AJD-MR de Ibrahima Sarr avec 2 députés et une commune a fait d'énormes progrés. Son président ancien journaliste et grand défenseur des langues nationales est aujourd'hui crédible et bien placé pour rééditer l'exploit mais il devra compter sur l'arrivée sur la scène politique du parti ARC EN CIEL de Balas qui a fait des avancées dans l'implantation du parti surtout à Nouakchott. Balas a participé au dialogue national avec des propositions intéressantes sur la cohabitation.Il y aura certainement des rivaux du côté des abolitionnistes Hratins avec l'RA de Ould Abeid candidat malheureux aux présidentielles dernières mais arrivé en deuxième position derrière Ould Aziz. Tout dépendra si le défenseur attitré des droits de l'homme voudra y aller ou non mais son dissident Dr Louleid qui vient de créer son parti entend relever le défi au niveau de la communauté Hratine. Un gros coup de Ould Aziz pour mieux divisé les militants anti esclavagistes et écarter par la même occasion les FPC de Samba Thiam en lui refusant le fameux sésame.

L'avènement de conseils régionaux pourrait réserver des surprises dans le Sud du pays où les noirs sont en principe majoritaires malgré le repeuplement après les déportations de 89.Les observateurs craignent que le génocide biométrique soit plus favorable à la majorité qui a verrouillé le système avec un fichier électoral taillé à sa guise et un toilettage de la commission nationale électorale et indépendante (CENI) au point d'obtenir encore une fois une majorité absolue dans tous les domaines.La bataille électorale en 2017 s'annonce rude même si l'UPR semble avoir de l'avance.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 23 octobre 2016)

 

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