Plus un mauritanien sensé ne peut croire en la politique, dans son état de vide absolu actuel.
Mais ces dernières années, l'espoir est ailleurs : ONG nationales, initiatives de jeunes dans les quartiers, mobilisations de localités à l'intérieur, le volontariat qui se développe, sont autant de signes que certains mauritaniens ont décidé de s'affranchir de la tutelle de l'état, duquel ils n'attendent plus rien, et veulent impulser d'eux-mêmes un changement dans le pays.
Il y a ceux qui font de l'action citoyenne leur publicité personnelle, majoritaires en Mauritanie, comme dans tous les secteurs du pays essentiellement emplis d'opportunistes médiocres. Et puis il y a celles et ceux dont on ne parle pas assez, qui font un travail herculéen, sans relâche, dans l'ombre, avec la conviction, que la petite brique qu'ils arriveront à ériger, s'incrustera dans l'édifice du projet mauritanien qu'ils rêvent.
A Al Khawa-2, dans le département de M’Bout au Gorgol, Mohamed El Hor et Moukhazoum Mint Ahmed expliquaient à Mozaikrim, comment leur communauté Haratine et celles peules alentours, vivaient dans une paix et une vraie solidarité, une réelle unité qui n'est pas qu'un slogan politique de circonstance, à travers ce lien fort qui les unit : la terre. Une vraie unité vécue et revivifiée continuellement par les mêmes efforts qui servent à désherber leurs terres communes, à l'ensemencer ou l'arroser. «… Nos concitoyens harratines en particulier, voient que l’indépendance est possible, sans passer par les autorités, juste en se réunissant entre citoyens de bonne volonté» assure avec force Mohamd El Hor, insistant sur l’amélioration sensible de l’état nutritionnel de leurs populations depuis que les communautés de la zone se sont unis.
D'autres oeuvrent dans d'autres domaines, comme l'ONG nationale Citoyens et Citoyennes Debout ! (CCD), qui s'active à infuser en son sein des jeunes citoyens intellectuellement autonomes et indépendants, assez pour aiguiser et partager leurs regards de témoins d'éventuelles injustices. Des journalistes citoyens mauritaniens de demain. Son secrétaire général, Abdoulaye Sarr, plaide pour une "nouvelle génération de citoyens" qui va au-delà du communautarisme, du tribalisme. "Nous ne rêvons pas" expliquait-il durant un atelier de formation : "Les jeunes sont dynamiques et veulent s'engager, notamment dans les quartiers périphériques de Nouakchott, où ils ont des choses à dire, mais n'ont pas forcément la méthodologie et les moyens techniques de le faire" argue-t-il.
Mamoudou Lamine Kane
Source : Mozaïkrim (Le 17 octobre 2016)
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