Mauritanie : le patronat dans le collimateur du gouvernement de Ould Hademine

Le président de l'Union nationale du patronat mauritanien ( UNPM) Ould Ezizi fait l'objet depuis des semaines de pressions grandissantes du gouvernement de Ould Hademine pour qu'il cède sa place à quelqu'un d'autre.

Un harcèlement condamné par l'opposition ainsi que les centrales syndicales du pays.Le fonds de ce bras de fer entre le patronat et le premier ministre mauritanien révélé dans un rapport que l'UNPM vient de publier pointe du doigt notamment le retard des projets d'usine à lait de Néma et d'exécution de la route Rosso-Nouakchott.Le syndicat met en cause ainsi le caractère illicite de l'octroi des marchés publics.Cette crise qui commence à perdurer pourrait impacter gravement l'économie du pays déjà mal en point au moment où l'ouguiya , la monnaie nationale poursuit sa dégringolade.

Le patron des patrons mauritaniens ne sait plus à quel saint se vouer.Ould Ezizi est entre deux feux depuis déjà des semaines.Son syndicat l'UNPM appelé à la rescousse pour garder le poste et les pressions du gouvernement de Ould Hademine pour la nomination d'un autre patron.Cette crise ouverte entre un syndicat privé et le gouvernement est révélatrice de maladresses de l'exécutif à s'accaparer des richesses de la Mauritanie au profit d'un clan.Des maladresses de gouvernance comme en témoigne actuellement la crise des investisseurs avec Mauritel pour un changement d'utilisateurs pour des raisons liées à des contrats de travail et de conditions de séjours d'étrangers et avec également Kinross Tasiast pour la production d'or au ralenti pour les mêmes raisons presque.C'est une première dans ce pays qu'un chef de gouvernement s'attaque au secteur privé qui contribue grandement à la croissance et au développement économique. Cet acharnement de personne est contraire au respect de la liberté syndicale et constitue une violation flagrante de l'organisation internationale du travail. Ce harcèlement est bien entendu condamné par l'opposition et centrales syndicales.

L'hypothèse d'un nouveau président de l'UNPM sans élections est contraire à la constitution et ne ferait que jeter l'huile sur le feu et aggraver le mécontentement des centrales syndicales surtout dans un contexte économique difficile où l'ouguiya, la monnaie locale poursuit sa dégringolade.Cette dépréciation va impacter sur les importations mauritaniennes dont le secteur privé est un acteur incontournable.La révélation du patronat dans un rapport publié cette semaine sur les mobiles des autorités de Nouakchott de ce bras de fer à savoir le retard des projets d'usine de lait à Néma et d'exécution de la route Rosso-Nouakchott remet sur le tapis les nébuleuses affaires des marchés publics qui ont permis l'avènement d'une maffia organisée et tolérée aujourd'hui au plus haut sommet de l'Etat.Cette ingérence gouvernementale dans les affaires d' un syndicat le plus puissant du pays, l'UPPR, le parti de la majorité au taquet sur la réforme du Sénat et des régions autant d'épées de Damoclès suspendues sur le régime de Ould Aziz aux abois.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 22 juin 2016)

 

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