Le jeûne a-t-il des conséquences sur le sommeil?

RAMADAN – Cernes, yeux pochés… Pendant le mois de ramadan, les traces du manque du sommeil sont palpables sur le visage des jeûneurs, à l'instar de Souad, jeune maman qui, bien qu'elle soit exténuée par l'effort et le rythme de la vie ramadanesque, ne renoncerait pour rien à l'envie de vivre et partager avec sa famille l'ambiance du mois sacré.

Entre son travail, ses tâches ménagères et le temps qu'elle passe dans la cuisine une fois accomplie sa prière, cette cadre d'entreprise a l'impression que la journée est trop courte pour tout faire. "Heureusement, je peux compter sur le soutien de mon mari pour faire les courses, conduire et aller chercher les petits à l'école et même pour faire la vaisselle, en particulier la corvée de l'après-ftour!", confie-t-elle à la MAP.

Souad avoue ainsi son incapacité de maintenir un rythme équilibré de sommeil dont elle peut ressentir aujourd'hui les effets en termes de fatigue, ce qui ne l'alarme pas pour autant. "Ce n'est pas grave, c’est juste un mois de l’année et je vais pouvoir récupérer après".

Si Souad n'hésite donc pas à sacrifier des heures de sommeil, la perturbation de ce cycle prend une autre dimension pour Seddik qui préfère, lui, plus dormir le jour et moins la nuit. À cause de son addiction "regrettée" à la cigarette, ce quadragénaire reconnait une certaine "léthargie" pendant la journée, avec une sieste avant le f'tour pour retrouver sa dynamique avec la rupture du jeûne.

Un problème comportemental

"Le jeûne n'est absolument pas incriminé dans les troubles du sommeil. C'est un problème comportemental qui est à l'origine de toutes ces anomalies", assure Dr. Fouzia Kadiri, médecin spécialisée dans les maladies du sommeil et présidente de la Société marocaine de médecine du sommeil (SMMS).

La spécialiste pointe ainsi l’apparition, depuis quelques dizaines d'années, d’habitudes sociales durant le mois de ramadan "incompatibles avec le rythme biologique normal" qui se trouve dès lors bouleversé, d’autant plus qu’il a été démontré que le sommeil est "le chef de fil de tous les rythmes biologiques et que perturber son sommeil, c'est perturber son humeur, sa performance, ses capacités intellectuelles et physiques".

"C'est notre horloge biologique interne ou horloge circadienne qui régule le rythme de notre sommeil. Elle nous impose de dormir la nuit et d'être actif le jour. Mais il y a une période au milieu de la journée entre 13h et 15h où le sommeil est possible et réparateur", relève-t-elle.

Selon cette praticienne, lorsque le sommeil est inversé, l'horloge biologique se détraque et peut ne pas retrouver un rythme normal. "C'est ce qui arrive à certains adolescents qui veillent tardivement la nuit et qui développent une pathologie du sommeil appelée 'syndrome de retard de phase de sommeil’", précise-t-elle.

Interrogée sur les risques que pourraient avoir les perturbations de sommeil pour la santé des jeûneurs, Dr Kadiri cite d’abord des troubles cognitifs à type d'irritabilité, les troubles de la concentration ou encore la mauvaise humeur, pouvant tous être à l'origine de "mauvais comportements et d'agitation relationnelle". Elle évoque également des maladies psychiatriques qui peuvent apparaître ou rechuter, d’autres organiques qui peuvent se compliquer en particulier chez les hypertendus et les diabétiques, ou encore une recrudescence des accidents de la circulation.

"Le sommeil est important et doit être respecté quelle que soit la période de l'année", insiste Dr Kadiri qui conseille une durée minimum de sept heures de sommeil par jour.

"Quelqu'un qui veut faire les tarawihs à la mosquée et se lever pour le Fajr doit dormir de minuit à 3h puis de 4h à 7h ou 8h et éventuellement l'après midi de 13h à 14h ou de 14h à 15h. C'est une affaire de discipline", conclut-elle.

 

Source :  Al HuffPost Maroc  avec

 

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