Mauritanie : l’heure des questions du passif humanitaire

Des réfugiés mauritaniens du Sénégal se sont retrouvés encore une fois cette semaine devant le palais présidentiel après plusieurs manifestations récurrentes sans réponse du locataire.

Ces déboutés du passif humanitaire rentrés au pays depuis 2008 entendaient réclamer leur intégration dans la fonction publique et leurs droits à la retraite pour les victimes âgées. Ces revendications restées longtemps lettres mortes sont de nature à aggraver la situation déjà précaires de ces marcheurs.Et pour les observateurs cette réponse de non recevoir au plus sommet de l'Etat compromet dangereusement la cohabitation en Mauritanie.

Le calvaire des réfugiés mauritaniens du Sénégal ne date pas d'aujourd'hui.Il remonte à 2008 officiellement où près de 20000 d'entre eux sont rentrés au pays réparties dans 218 sites.Le dernier contingent a été même accueilli par le président mauritanien dans la capitale du Sud à Rosso. Et depuis le gouvernement mauritanien avait promis de les intégrer dans la société dans le cadre d'une procédure particulière surtout en ce qui concerne leur enrôlement.Ce retour dans la vallée du fleuve est devenu casse tête pour les autorités de Nouakchott dont les intentions sont claires, poursuivre la politique de « dénégrification » en réduisant le maximum le nombre d'enrôlés et les neutraliser ainsi dans ces camps pour les décourager.

En 2014 pour protester contre ces conditions d'accueil et d'hébergement plus d'une centaine de réfugiés ont entrepris une longue marche de Boghé à Nouakchott soit plus de 300 km.Et depuis ceux qui sont restés pour la plupart d'anciens fonctionnaires manifestent régulièrement dans la capitale pour être entendus.Le rassemblement cette semaine devant le palais rentre dans ce cadre.Les marcheurs relancent ainsi leurs problèmes d'intégration dans la fonction publique et les droits à la retraite pour les victimes âgées.Signe d'une mauvaise volonté politique pour le règlement du passif humanitaire.Le régime de Ould Aziz a définitivement tourné le dos à la réconciliation en tirant un trait à l'impunité des criminels sous le régime de Ould Taya .Hier et aujourd'hui ces populations du Sud sont spoliées de leurs terres au profit d'investisseurs étrangers notamment saoudiens.Une députée de l'opposition du parti islamiste vient d'être expulsée de l'assemblée nationale pour avoir dénoncé cette politique d'accaparement des terres nouveau cheval de bataille du gouvernement de Ould Hademine pour l'autosuffisance alimentaire.Cette nouvelle stratégie du régime est de nature à aggraver la situation des réfugiés et au delà des communautés noires en Mauritanie victimes d'exclusion à tous les niveaux.Cette gouvernance à long terme conduit au chaos politique.Les signes précurseurs sont déjà là.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 10 juin 2016)

 

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