Mauritanie : la démocratie piétinée à l’assemblée nationale

Une députée du parti islamiste de l'opposition mauritanienne TAWASSOUL a été expulsée cette semaine à l'assemblée nationale pour avoir dénoncé la politique d'accaparement des terres agricoles du Sud au profit des investisseurs étrangers.

Aminata Niang a pointé du doigt l'absence de consultations des populations concernées à l'occasion de cette session consacrée aux questions foncières. Un pied de nez au ministre de l'économie et des finances Mocktar Diay mal digéré par les députés de la majorité au pouvoir.Cette expulsion intervient dans un contexte de crise politique de la deuxième chambre avec la désertion de la majorité des sénateurs de l'UPR .Ce coup de force est une grave atteinte à la liberté d'expression et à la fonction du parlementaire.Pour les observateurs c'est encore une fois la démocratie qui est piétinée à l'assemblée nationale.

C'est une véritable démonstration de force que vient de vivre cette semaine à Nouakchott l'opposition et en particulier le parti principal d'opposition islamiste TAWASSOUL dans l'hémicycle même dont la session portait sur les questions foncières.En effet la députée Aminata Niang a été expulsée de l'hémicycle pour avoir agacé le ministre de l'économie et des finances de questions pertinentes sur l'absence de consultation des populations concernées par l'octroi de terres arables aux investisseurs comme ce fut le cas des terres de Dar El Barka et de Boghe dans le Brakna.Il s'agit d'un coup de force injustifiable et injustifiée car la députée de TAWASSOUL est dans son rôle de contradiction et de contribution au débat.Ce n'est pas nouveau cette politique d'accaparement des terres du Sud au profit des investisseurs.

Le président de l'IRA Ould Abeid en a fait les frais en  écopant une année d'emprisonnement pour avoir initié une caravane contre ce phénomène dans la capitale du Sud à Rosso .Ces pratiques fortes d'un autre âge dans l'assemblée nationale constituent une violation grave des droits d'un parlementaire et une atteinte à la liberté d'expression.Les auteurs de cette violence piétinent ainsi la démocratie et donnent une mauvaise image du parlement mauritanien qui fait face aujourd'hui à une crise de la deuxième chambre à laquelle les sénateurs du parti de la majorité l'UPR n'ont plus de respect en la désertant ces derniers jours pour protester contre la proposition du chef de l'exécutif d'organiser un référendum pour la suppression du sénat.C'est tout l'appareil politique du régime qui est entrain de se gripper.La crise politique est plus profonde que ça. En réalité c'est la gouvernance de Ould Aziz qui est à l'index non seulement par son propre camp mais aussi par l'opposition et toutes les autres forces progressistes du pays.Le locataire du palais devra agir vite pour ne pas se retrouver dans une impasse.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 9 juin 2016)

 

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