Teranga et contrastes Par Safi BA

Parmi les quelques images ramenées du pays de la Teranga*, celle d'une jeune adolescente, portant son bébé sur le dos, ne cesse de trotter dans ma tête.

Dangereusement installée sur le flanc d'une des deux collines appelées, les Deux Mamelles, elle tente de vendre ses petits sachets de "tiaaf " (cacahuètes grillées).

Son visage et son regard imperturbables repoussent toute compassion que son allure générale pourrait inspirer. A coté de sa misère apparente, la force qu'elle dégage est si surprenante, qu'on pourrait se demander si celle ci ne lui provient pas de la Statue de la Renaissance Africaine tout en acier, trônant sur la colline jumelle de celle où cette jeune vendeuse s'est installée. S'il faut éprouver de la compassion, celle ci conviendrait peut être mieux au jeune homme non loin d'elle, adossé à une luxieuse mobylette, le regard perdu dans les profondeurs de l'océan. Les paroles de la chanson qu' il écoute en boucle": "IMPOSSIBLE LOVE", semblent traduire une peine de cœur qu'il cherche à confier aux vagues.

*Teranga

Teranga (accueil chaleureux ) Je crains que cette teranga se soit évaporée dans les effluves d'une société de consommation en pleine expansion, tout comme j'ai fait l'amer constat que leur célèbre tiebou dieune, est en train de perdre sa saveur et son délicieux goût à base de produits naturels locaux, remplacés par ceux des bouillons cubes de tous genres, tous descendants d'un ancêtre commun: le célèbre et "magique" bouillon culinaire bien connu !!! Hélas ce n'est pas qu'une simple nostalgie, pareille à celle que j'ai ressentie avec la disparition progressive des "CarsRapite", emblème de la capitale sénégalaise qui, désormais sont remplacés par d'autres cars, certes plus rapides, mais dépourvus des dessins colorés et naïfs où se mêlaient des portraits de grands marabouts, qui faisaient leur charme.

Les Cars-Rapite subiront ils un jour le même sort que celui des "bols chinois" dont la présence avait sonné le glas des calebasses en bois sculptés par les lawbe, et des yuldee en terre cuite des potiers d'antan ? Ces anciens "bols chinois" fleuris ont cédé leur place á de la vaisselle sans âme, fabriquée à partir du nickel ou du fer que d'aucuns prétendent même toxiques. Il est difficile d'échapper à cette matière hideuse qui envahit toutes les cuisines et se décline sous toutes les formes… Ceci dit, á longueur de courses, s'entendre affectueusement héler "mère", en raison de l'âge, me manque. Sous les cieux d'ici, nul doute que cette appellation vexerait plus d'une dame alors que là-bas elle procure un sentiment de bonheur et de respect.

Safi BA

 

 

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