Naufrage en Méditerranée, une triste impression de copié-collé

Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plusieurs centaines de migrants sont décédés dans le naufrage d'une embarcation au large des côtes libyennes.

C'est une terrible catastrophe aux airs de déjà vu. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé mercredi 20 avril que des dizaines de migrants secourus le 16 avril en Méditerranée ont raconté avoir assisté à un «grand naufrage» au large des côtes libyennes. Cet accident pourrait avoir fait jusqu'à 500 morts et serait selon les Nations unies «la pire catastrophe impliquant des réfugiés et migrants ces 12 derniers mois».

Les survivants, parmi lesquels des Somaliens, des Erythréens ou des Soudanais, ont raconté au personnel onusien qu'ils étaient parmi les membres d'un groupe de 100 à 200 personnes qui était parti une semaine plus tôt d'un port à proximité de Tobrouk en Libye à bord d'un bateau d'une trentaine de mètres de long. Après plusieurs heures de navigation, leur embarcation en a rejoint une autre, plus large, en pleine mer, pour y déposer le groupe de migrants parti de Tobrouk. Mais le bateau sur lequel ont été regroupées des centaines de personnes était surchargé et a coulé. 
 
Selon le HCR, les 41 survivants pourraient avoir dérivé «pendant trois jours avant d'être repérés et secourus le 16 avril»

Retour du printemps

Ce drame ressemble à un copié-collé du naufrage qui s'était déroulé pile un an plus tôt, le 19 avril 2015, lorsque le naufrage d'un chalutier au large de la Libye avait fait plus de 700 morts. La porte-parole du HCR en Italie, Carlotta Sami, avait alors affirmé qu'il s'agissait de la «pire hécatombe jamais vue en Méditerranée».
 
Un an après, les mêmes causes ont les mêmes effets: la Libye est toujours en proie au chaos et le littoral libyen, aux mains de plusieurs milices mais aussi de l'Etat islamique, est toujours une plaque-tournante du trafic de migrants. Et des réfugiés continuent de fuir par milliers la dictature qui règne en Erythrée et les combats qui secouent toujours plusieurs régions en Somalie. 
 
Et dès que la mer Méditerranée est plus calme et facilement navigable avec le retour du printemps, les embarcations de migrants arrivent en masse sur les côtes de l'Europe du Sud. «Nous avons vu que ce phénomène se répétait chaque année au large des côtes italiennes quand la mer devient relativement plus sûre», nous explique Kristy Siegfried, spécialiste du volet migratoire à l'Irin
«Pour les migrants, je ne pense pas que beaucoup de choses aient changé, spécialement en Libye laquelle était auparavant une destination pour de nombreux migrants économiques, poursuit-elle. Le pays est maintenant devenu tellement chaotique et dangereux que beaucoup de ces migrants n'ont pas d'autre choix que de fuir vers l'Europe. Aussi longtemps qu'il n'y aura pas de moyen légal pour eux de rejoindre l'Europe, ils continueront de dépendre des passeurs qui les regroupent sur des bateaux peu sûrs pour maximiser leurs profits.»

Des secours plus efficaces

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 179.381 migrants sont déjà arrivés par la mer en Europe en 2016 – c'est déjà plus qu'à la même période en 2015 – dont une large partie sur les côtes grecques. Avant le naufrage de ce weekend, 737 personnes étaient décédées ou portées disparues lors de la traversée.

Pour Kristy Siegfried, si quelque chose a changé depuis un an, c'est la meilleure surveillance des eaux par l'Union européenne grâce à l'opération Triton, qui permet à l'UE «de faire plus dans la région en matière de surveillance et de sauvetage. Beaucoup plus de vies pourraient avoir été perdues ces derniers mois si cela n'avait pas été mis en place.» 

Selon les chiffres de l'OIM, 1733 migrants avaient péri en Méditerranée lors des quatre premiers mois de l'année 2015.

 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique

 

Source : SlateAfrique

 

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