Au Burkina Faso, le président de transition affirme être de retour au pouvoir

« Je reprends du service. La transition est de retour et reprend à la minute même. » Une semaine après avoir été déposé par un coup d’Etat, le président de la transition, Michel Kafando, a annoncé, mercredi 23 septembre, avoir repris les rênes du pouvoir au Burkina Faso.

« Le gouvernement de transition que vous avez librement choisi et en qui vous avez totalement confiance est resté le seul à incarner la volonté du peuple souverain », a-t-il déclaré, en saluant « la clameur nationale » qui s’est élevée « contre les usurpateurs ».

Michel Kafando avait été renversé le 17 septembre par le régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d’élite de l’armée burkinabée et garde prétorienne de l’ancien président, Blaise Compaoré. Dans la nuit de mardi à mercredi, putschistes et loyalistes sont finalement parvenus à un accord d’apaisement, prévoyant notamment le retour du RSP dans ses casernes. Le général Gilbert Diendéré, chef des putschistes et ancien bras droit de Blaise Compaoré, a aussi accepté le retour au pouvoir du président de transition.

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« Volonté du peuple »

Alors qu’une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) arrivait à Ouagadougou, Michel Kafando a insisté, mercredi, sur le fait que les propositions de sortie de crise de l’organisation régionale devaient « prendre en compte la volonté du peuple ». A l’issue d’un sommet extraordinaire mardi à Abuja, au Nigeria, pas moins de six chefs d’Etat (Nigeria, Niger, Togo, Ghana, Bénin et Sénégal) ont décidé de faire le déplacement au Burkina Faso pour superviser le rétablissement des autorités de transition.

La médiation régionale devrait aussi tenter de résoudre plusieurs dossiers sensibles pour tourner la page de ce coup d’Etat. Parmi ces questions figure celle du processus électoral. Le putsch a porté un coup d’arrêt à l’organisation d’élections générales prévues en octobre et censées clore la période de transition ouverte par la chute de Blaise Compaoré, après le soulèvement populaire d’octobre 2014. Il faut « rester mobilisés autour de la transition pour qu’ensemble nous continuions ce que nous avons commencé, à savoir remettre le processus électoral sur les rails », a insisté Michel Kafando mercredi.

Un processus électoral qui inclura les anciens partisans de Blaise Compaoré ? Pour justifier leur coup de force, les soldats de la garde présidentielle réclamaient que ceux-là, qui avaient été exclus par le pouvoir de transition, puissent participer aux scrutins. Un premier projet d’accord présenté dimanche par les présidents sénégalais et béninois suggérait de réintégrer les partisans de Compaoré dans la campagne électorale mais, mardi soir, la Cédéao n’avait pas tranché.

 

Amnistie pour les putschistes ?

Autre sujet de possible contentieux, l’amnistie réclamée par les putschistes. Michel Kafando a appelé mercredi à « honorer les mémoires des compatriotes injustement tombés pour la défense de la patrie ». Selon des sources hospitalières, au moins dix manifestants ont été tués, et des dizaines d’autres, blessés en une semaine. « La nation tout entière leur rend hommage en attendant d’examiner la façon dont nous solderons les conséquences de cette funeste barbarie », a ajouté le président de la transition.

Enfin le sort du RSP reste en suspens. Selon l’accord conclu dans la nuit de mardi à mercredi, le RSP s’est engagé à cantonner ses soldats dans leur base de Ouagadougou et à se retirer des rues de la capitale. Les forces loyalistes, des unités habituellement stationnées en province qui avaient convergé sur la capitale lundi, ont, elles, promis de « reculer de 50 km » et de « garantir la sécurité du personnel [du RSP] et de leurs familles ». La société civile et le premier ministre issu de ses rangs, le lieutenant-colonel Zida, réclamaient toutefois la dissolution de cette véritable armée dans l’armée.

Le gouvernement de transition doit se réunir dès jeudi « au nom de la continuité de la vie nationale ».

 

Source : AFP et Le Monde Afrique

 

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