Népotisme, clientélisme, fuite des cerveaux en Afrique : la Mauritanie se distingue

Kassataya – (Paris) – Le Forum Economique Mondial (WEF) a publié un rapport très instructif au sujet de la Gouvernance en Afrique et qui donne la mesure de la confiance qui règne entre les Africains et leurs gouvernants.

Pour qui ne le connait pas, le Forum Economique Mondial est une fondation basée à Genève qui a réussi le tour de force d’organiser une rencontre annuelle devenue incontournable : le fameux rendez-vous de Davos qui réunit le ban et l’arrière-ban de ce que la planète compte de femmes et d’hommes influents qui s’y rendent pour discuter des grandes orientations de l’économie mondiale. C’est dire que ses avis sont attendus à travers notamment les rapports que le Forum produit périodiquement. Ainsi en est-il de son Africa Competitiveness Report 2015 et de son Global Competitiveness Report 2014-2015. Produit en collaboration avec la Banque Mondiale, la BAD, le Fonds Africain de Développement, l’OCDE, le rapport du Forum Economique Mondial passe en revue les économies de 144 pays pour en évaluer la compétitivité dans plusieurs secteurs.

S’agissant de la fuite des cerveaux par exemple, le Forum établit un classement des pays selon une échelle allant de 1 à 7 ; 1 désignant les pays marqués par le plus fort taux de fuite des cerveaux et 7 ceux parvenant le mieux à garder ou convaincre leur Diaspora à revenir au pays. Avec un score de 2, le Burundi est le pays africain le moins performant quand il s’agit de retenir son élite. Dans le quinté de tête, on retrouve l’Algérie, la Mauritanie, le Tchad et la Guinée. A l’autre bout, on retrouve sans grande surprise le Rwanda suivi à distance respectable par le Maroc, le Kenya, la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud pour constituer le quinté gagnant des pays les plus aptes à convaincre l’élite expatriée à regagner la patrie. On retrouve encore le Rwanda en compagnie des Seychelles et de la Côte d’Ivoire en tête pour attirer les cerveaux des autres nationalités. La surprise dans ce domaine porte sur la Gambie qui arrive en quatrième position, suivie de l’Ile Maurice.

Sur le plan du marché du travail, la haute administration de certains pays reste fortement gangrenée par le clientélisme et le népotisme. Les pays dont le score est bas sont ceux où les amis et les parents ont plus de chance de trouver des emplois de choix que ceux qui n’ont que la compétence et le professionnalisme à faire valoir. Et c’est en la matière que la Mauritanie remporte la palme du pays qui accorde le moins d’importance au mérite. Elle est suivie du Tchad, de l’Angola, de l’Algérie et de la Libye. Il y a là un début d’explication aux "performances" réussies (sic) par la Mauritanie dans les domaines cités plus haut (fuite des cerveaux, attractivité…). Une piste à creuser pour un pays dont les autorités n’ont de cesse de discourir sur leur volonté de faire venir investisseurs et compétences. En étudiant objectivement certains indicateurs contenus dans ce rapport, les autorités mauritaniennes feront sans doute le constat qu’il leur faudra plus que des discours convenus pour changer l’ordre des choses. Pour l’instant, la Mauritanie se distingue dans des domaines qui ne sont pas de nature à en faire la destination privilégiée des investisseurs et des cerveaux.

Lire aussi l’article de mgafrica en anglais

Abdoulaye Diagana pour KASSATAYA

 

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