Gouvernance : « Cachez-moi cette pauvreté que je ne saurais voir! »

A bonne école « Tayaienne », les actuels élèves du palais ocre, de la BCM ou du MAED, égrènent des chiffres sur la situation économique et sociale du pays, au-delà de toute réalité et raison ; disons-le littéralement dans le mensonge le plus total, comme cette sortie en semaine, où Sid’Ahmed Ould Raiss,

affirme le recul de la pauvreté en Mauritanie, et présente (encore) un tableau de bord idyllique des agrégats macro-sociaux du pays. Décryptage d’une manipulation d’état.

Habitué à tortiller la réalité dans tous les sens, pour une convenance politique du moment, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, Sid’Ahmed Ould Raiss remet les couverts. Déjà, dans sa réponse à une question formulée à l’Assemblée Nationale en juin dernier, il affirmait sans trembler du menton, que « les investissements ont atteint ces dernières années 2000 milliards d’ouguiya ce qui a réduit considérablement le taux de pauvreté dans le pays désormais de 31% cette année, au lieu de 42% en 2008 ». Or les investisseurs fuient la Mauritanie comme la peste : "La zone franche de Nouadhibou ne marche pas; les investisseurs ne viennent pas. Elle sert plus de trafics aux stéphanois, et aux magouilles du directeur" explique un douanier travaillant dans cette enclave économique.

Le dernier rapport de l’évaluation globale du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (2001-2015), en cours de validation ces 2 et 3 septembre à Nouakchott, mentionne un « recul appréciable de l’indicateur de pauvreté », qui serait passé de 51% en 2001, à 31% en 2013. Une affirmation que contredisent la plupart des ONG opérant sur le terrain, à l’intérieur notamment. « Le dernier rapport SMART, de juin 2015, élaboré conjointement par le gouvernement et les partenaires au développement, montre une explosion de la malnutrition infantile, à 30%, résultat direct de l’explosion de l’extrême pauvreté en Mauritanie, depuis 6 ans notamment » affirme un cadre d’une grande ONG internationale opérant à Nouakchott, et qui a requis l’anonymat.

Un constat auquel adhère cet infirmier-chef de poste de santé, dans la commune de Kankossa : «Depuis 4 ans que je travaille près de Kankossa, comme d’autres collègues, nous constatons un appauvrissement de nos malades, qui ont de moins en moins les moyens de se nourrir, donc de se soigner. D'ailleurs, même les postes de santé ont dépéri ces cinq dernières années. Regardez vous-mêmes : nous sommes obligés de perfuser et consulter nos patients en plein soleil! Cela n'a jamais été le cas avant cette période » témoigne l’infirmier.

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Mamoudou Lamine Kane

 

Source :  Mozaïkrim (Le 7 septembre 2015)

 

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