L'évacuation à l'hôpital d'Aleg du président de l'IRA suscite beaucoup d'inquiétudes dans les milieux des ONG nationaux et internationaux et chez les Hratins dans la capitale mauritanienne après quelques jours de la confirmation de la cour d'appel à deux ans de prison de Ould Abeid.
Et c'est conscient de cette situation que le leader anti-esclavagiste avait auparavant appelé particulièrement l'Union Européenne et les Etats-Unis à suspendre leur aide financière à la Mauritanie jusqu'à l'éradication totale de l'esclavage dans le pays. C'est ce qui ressort de sa lettre écrite du fond de sa cellule à Aleg le 20 août dernier.Le lauréat du prix des Nations-Unies pour les droits de l'homme refuse ainsi de jeter l'éponge et laisse entendre des actions plus fortes contre ce crime contre l'humanité.
L'engagement ou la haine contre l'esclavage en Mauritanie du président de l'IRA ne date pas d'aujourd'hui. Cette passion remonte au lendemain de la promesse qu'il avait faite à son père qui lui même a épousé une esclave il y a quelques années. Pour ne pas en faire un destin de famille réduite à une fatalité Ould Abeid a forgé son caractère en créant en 2008 sa propre organisation indépendante l'IRA pour libérer ses compatriotes Hratins qui représentent aujourd'hui prés de la moitié de la population mauritanienne. De fil en aiguille il a acquis ainsi une notoriété et devenu en quelques années un acteur incontournable dans la lutte anti-esclavagiste.Ce qui lui a valu le prix des Nations-Unies pour les droits de l'Homme et deux autres prix européens dans ce domaine.
Malgré cette reconnaissance internationale les autorités de Nouakchott sont toujours réticentes et ne semblent pas changer le statu quo. Et même pire les militants de l'IRA sont poursuivis comme la peste comme en témoigne la condamnation à deux ans ferme de Ould Abeid et son numéro deux.Le lauréat international pour les droits de l'homme en appelle à l'UE et aux Etats-Unis pour suspendre toute aide financière à la Mauritanie jusqu'à l'éradication complète de l'esclavage.C'est ce qui ressort de sa lettre de la prison d'Aleg le 20 août dernier.
Un appel à la communauté internationale et nationale qui intervient quelques jours avant son évacuation à l'hôpital d'Aleg pour des raisons médicales non encore élucidées.Même du fond de sa cellule le président de l'IRA fait toujours peur au gouvernement de Ould Hadémine aujourd'hui contraint d'appliquer sa feuille de route dictée par les Nations-Unies.Les récents projets de loi contre les pratiques esclavagistes adoptés par le parlement vont dans ce sens mais ne suffisent pas à convaincre le candidat malheureux des dernières présidentielles qui en appelle dans sa lettre à des actions plus fortes pour casser toutes les barrières.
Aujourd'hui plus que jamais, jeté pour la troisième fois en prison, Ould Abeid refuse de jeter l'éponge, d'être réduit au silence et de se soumettre au dogme qui légitime l'exploitation de l'esclavagisme en Mauritanie selon ses propres termes. Dans un pays qui ne reconnaît pas l'égalité entre les différentes communautés cette déclaration ressemble fort à un défi et en tant que tel ouvre une autre ère dans l'histoire du pays.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 26 août 2015)
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