Vu d’Italie : De Louis XVI à Salmane, les Français ne sont toujours pas réconciliés avec les rois

Face au tollé qu’il a suscité, le roi d’Arabie Saoudite a écourté ses vacances sur la côte d’Azur, où il avait fait privatiser une plage. A la place des Français, les Italiens n’auraient pas fait preuve de la même indignation, regrette La Stampa.

Fin de séjour anticipé pour le roi Salmane ben Abdelaziz Al-Saoud, qui a quitté le 2 août sa résidence de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, pour gagner le Maroc. Il avait suscité une vive hostilité en faisant privatiser la plage attenante et en commandant des installations provisoires, dont un ascenseur vers la plage. Arrivé le 20 juillet, le roi avait prévu de demeurer un mois sur la côte française.
 

Le roi est mort, le cauchemar continue

Visiblement, plus de deux siècles après “la glorieuse Révolution, les relations qu’entretiennent les Français avec les rois ne se sont pas beaucoup améliorées” observe, de Turin,  l’éditoraliste de La Stampa, qui a suivi le feuilleton. A peine le roi d’Arabie Saoudite – et sa suite de mille personnes – avaient-ils posé le pied sur la côte d’Azur, que citoyens et élus locaux se mettaient en branle, rassemblant rapidement plus de 150 000 signatures contre la privatisation de la plage.

Question de tradition

Ah, ces Français ! “J’ai le sentiment que, quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, les choses se seraient passées différemment”, écrit Massimo Gramellini, selon lequel, si un homme richissime avait voulu privatiser une plage ligure, les Italiens, loin de s’indigner, se seraient frotté les mains.

“Des restaurants improvisés à 10 000 euros le couvert auraient surgi aux abords de la villa pour sustenter les troupes vacancières saoudites. Le peuple chassé de la plage aurait été bien content d’aller visiter les lieux interdits à bord de pédalos munis de dispositifs preneurs de selfies. Et des petites baraques illégales auraient vu le jour, pour vendre les maillots du roi, les burkas des favorites et le fameux sandwich Salman, un kebab décongelé farci à la viande avariée.”

De quoi flatter le souverain vacancier, qui aurait sans doute salué la foule au balcon, “tandis que les journaux auraient rivalisé d’hymnes à sa sympathique démocratie. Après tout, à chaque pays sa tradition, conclut La Stampa. Nous avons le balcon, les Français ont la guillotine.” 

Recyclage

De fait, le prince saoudien Mohammad ben Fahd ben Abdul-Aziz Al-Saoud a fait une arrivée beaucoup moins remarquée sur la côte sarde, où il a ses habitudes, d’après La Nuova Sardegna. Le neveu du roi Salmane a atterri le 19 juillet a Porto Cervo avec sa suite d’une centaine de personnes, et a fait fermer l’accès VIP du port pour sa flotte composée de trois énormes yachts, dont le journal régional décrit le luxueux aménagement et l’impressionant dispositif de sécurité.

La Nuova Sardegna constate, en outre, que“ces jours-ci, les eaux sardes grouillent de yachts  – dont presque tous battent pavillon des îles Caïman, comme ceux de Mohammad ben Fahd – occupés par des cheikhs arabes et des entrepreneurs américains qui se sont ‘recyclés’ dans les deux îles centrales de la Méditerranée après l’avènement de l’organisation Etat islamique” dans les pays du Moyen-Orient.

 

Source : Courrier international

 

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