Depuis « Charlie », l’image des musulmans s’est améliorée en France

Si les actes islamophobes se sont multipliés depuis les attentats de janvier à Paris, un sondage américain, publié mercredi, estime que les Français ont néanmoins développé une opinion plus favorable à l’égard des musulmans de France.

 

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a recensé plus de 120 actes islamophobes – dont une trentaine d'attaques contre des lieux de culte – dans les trois semaines qui ont suivi les attaques de "Charlie Hebdo" et de l’hypermarché casher de Vincennes, les 7,8 et 9 janvier 2015. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport à celui du mois de janvier 2014.

Dans les semaines qui ont suivi les attaques, les débats sur la radicalisation, la communautarisation, l’intégration, et la stigmatisation des 5 millions de Français musulmans (selon les estimations du ministère de l'Intérieur) se sont multipliés dans les médias et sur la place publique. Ce jeudi encore, le nouveau parti des Républicains (ex-UMP) se réunit à huis clos pour disserter sur la place de l’Islam en France.

Malgré cela, l’opinion générale a, semble-t-il, fait preuve de plus de clairvoyance. D’après un sondage conduit après les attentats de janvier par l’institut américain "Pew Research Center" et rendu public mercredi 3 juin, 76 % des Français disent avoir une "opinion favorable" à l’égard de leurs concitoyens musulmans, contre 72 % en 2014. Par ailleurs, la proportion des sondés ayant une "opinion très favorable" est passée de 12 % l’an dernier, à 25 % en 2015.

Une enquête menée par Ipsos/Sopra-Steria les 20 et 21 janvier 2015 avait également fait le constat d’un recul de la défiance des Français à l’égard de l’islam. Selon ses résultats, 47% des personnes interrogées estiment l’islam compatible avec les valeurs de la société française, contre 26 % en 2013.

Le discours positif des médias et des politiques

Selon l’auteur de l’étude américaine, Richard Wike, ce phénomène a priori intattendu peut s’expliquer par les appels à l’unité nationale lancés au lendemain des attentats et les mises en garde répétées, de la part des médias et de la classe politique, contre toute forme d’amalgame.

"Dans ces moments-là, il faut faire bloc, montrer que nous sommes un pays uni, que nous savons réagir comme il convient. C'est-à-dire avec fermeté, mais avec toujours le souci de l'unité nationale", avait réagi François Hollande le jour de l’attaque du journal satirique "Charlie Hebdo".

Le président français avait également insisté sur la nécessité d’éviter toute confusion entre les musulmans et les extrémistes islamistes. Dans un discours prononcé le 15 janvier à l’Institut du monde arabe, il avait appelé à "refuser les amalgames et les confusions. (…) Ce sont les musulmans qui sont les premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme, de l’intolérance".

Même phénomène après le 11-Septembre aux États-Unis

La même tendance avait déjà été observée aux États-Unis après les attentats du 11-Septembre. Le Pew Research Center avait alors observé que l’opinion favorable des Américains à l’égard des musulmans était passée de 45 % en mars 2001 à 59 % en novembre de la même année. "Les médias ont aidé à forger cette estime en critiquant les stéréotypes et en portant leur attention vers les atteintes contre les droits civiques des musulmans", analyse Richard Wike.

Malgré ces efforts, les effets positifs n’ont pas duré et la sympathie envers les musulmans américains a décliné progressivement. En 2007, seuls 53 % des Américains ont exprimé une opinion positive, soit 7 % de moins qu’en novembre 2001, note Pew Research. Par ailleurs, la croyance que l’islam est plus susceptible que d’autres religions d’encourager la violence s’est répandue au fur et à mesure des années. En mars 2002, 25 % des Américains interrogés en étaient persuadés contre 44 % en juillet 2003. En septembre 2014, ils étaient 50 % à le penser.

En France, le même a priori existe. Selon le sondage Ipsos Steria de janvier 2015, un tiers des Français pensent que "même s’il ne s’agit pas de son message principal, l’islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d’intolérance". Si 66 % sont persuadés que "l’islam est une religion aussi pacifiste que les autres et le jihadisme est une perversion de cette religion", reste à savoir comment évoluera l’opinion dans un contexte où certains partis – la présidentielle de 2017 en ligne de mire – ont choisi de faire de la compatibilité de l’islam avec la République un enjeu politique.

Sarah LEDUC

 

Source : France24

 

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