Le refus de s’ouvrir

De sources informées, le président de la République aurait décidé de rejeter une grande partie des préalables à l’ouverture du dialogue présentés il y a deux semaines, par la délégation du forum national pour la démocratie et l’unité présidée par Me Mahfoufh Ould Bettah.

 

Ce développement de la question était, plus ou moins, attendu, notamment par les partis d’opposition, mais aussi pour nombre d’observateurs. La lenteur de la réaction de la majorité face à la proposition de du forum le laissait déjà présager.

Le chaud et le froid que celle-ci alternait, les contradictions des uns, le refus de certains d’aborder la question, les commentaires souvent hésitants et parfois malveillants des autres avaient un sens. Ils voulaient tout simplement dire que, là-haut, la question était à l’étude, ou plutôt, elle n’aurait pas le feu vert ! Jouant au fin tacticien lors de ses dernières tournées à l’intérieur du pays, le Président Aziz semble vouloir faire des concessions en réussissant à faire des omelettes sans casser des œufs. Des concessions qui finiront toujours, dans le fond, par l’arranger sur le long terme. Exactement, comme il a fait pour les accords de Dakar qui l’ont porté à la tête du pays, sans préjudices pour sa majorité.

En effet, le président de la République se dit disposé à ouvrir le dialogue avec l’opposition, mais ne voudrait pas se laisser imposer les règles du jeu. Ould Abdel Aziz sait qu’une opposition forte de ses prérogatives, imposerait les points à l’ordre du jour des discussions parmi lesquels la révision de la constitution ne pourrait figurer.

Et c’est exactement en ce point que le bât blesse. Ould Abdel Aziz déjà la recherche d’une voie de salut pour un troisième mandat cherche exactement à légaliser un cadre de concertation entre l’opposition et la majorité qui puisse mener vers cette perspective.

Dans la lancée, on passera sous silence la réforme de l’armée, la question du Basep, les échecs de l’état civil et surtout, la pratique « légale » des Autorités en place qui s’arrogent à elles seules le pouvoir de décider de l’avenir des institutions.


Quelle sera la réaction de la Forum qui voit le pouvoir tuer dans l’œuf son dernier espoir de se rapprocher avec lui tout en préservant un semblant de dignité et de crédibilité ?

L’occasion aussi de se demander si la rue et les observateurs qui avaient nourri un véritable espoir de voir les parties en conflit sur la scène politique se retrouver autour du minimum, n’est pas finalement et unanimement déçue. La situation de blocage et les tensions récurrentes que celle-ci occasionne ne rassurent personne. Et le rejet présidentiel fait table rase de toutes les bonnes attentes que les Mauritaniens osaient avoir autour d’un changement de cap qui aurait pu être amorcé pour éviter le clash pouvant engendrer des lendemains incertains chez nous.

Aujourd’hui, plus que jamais, les Mauritaniens doivent s’inscrire dans la logique d’une crise multidimensionnelle qui risque d’aller crescendo. La vie du Mauritanien sera ainsi faite d’espoirs déçus, de crises sans fin et d’amorces de dialogue qui ne prendront jamais forme. En tout cas, tant que les acteurs en conflit, sont les mêmes !
 

Cette malheureuse situation n’est pas à exclure. L’histoire du monde est là pour le rappeler. C’est ce qui arrive toujours et inéluctablement quand les leaders d’un pays continuent de tirer sur la ficelle de la paix sociale.

Dès lors où, chez nous, ceux qui détiennent les rênes des affaires et du pouvoir ne veulent pas, tout simplement, dialoguer et construire des compromis salutaires pour tous, eux en premier lieu, nous risquons bien de tomber au fond de l’abime. Et au fond de ce gouffre, la lumière indiquant la sortie est très faible.

Amar Ould Béjà

 

Source : L'Authentic.info

 

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