Pour une équipe de chercheurs, la mondialisation et les réseaux sociaux amènent à simplifier les problèmes à l'extrême et à rejeter les explications officielles.
Une page Facebook n’est pas faite que de photos, vidéos et statuts plus ou moins pertinents, c’est aussi le paradis des conspirationnistes. Le Washington Post signale qu’une équipe de chercheurs italo-américains vient de publier une étude pour expliquer le succès des thèses complotistes sur les réseaux sociaux. Ils ont essentiellement porté leur attention sur 750.000 amateurs d’explications farfelues du Facebook italien.
Leur travail, intitulé «Tendance des récits à l’heure de la mésinformation», pointe tout d'abord le processus qui amène les internautes à se situer très clairement dans des groupes de personnes de même opinion.
Cette situation conduit à «affaiblir les consensus sur les sujets de société», avancent les chercheurs, «et à favoriser l’essor des rumeurs, de la méfiance, des théories du complot».
Les théories du complot se divisent en quatre domaines: l’environnement, la santé publique, l’alimentation, la politique. C’est cette dernière qui remporte la timbale auprès des complotistes. La fin des Etats-Unis et l’instauration d’un nouvel ordre mondial, par exemple, attirent, de loin, plus de lecteurs et suscitent de plus longs débats que les autres sujets : «La mondialisation a initié de nouveaux phénomènes et a accru l'effort nécessaire à fournir pour comprendre la réalité (crise financière, immigration etc.), il y a un besoin profond de la synthétiser à travers quelque chose qui la rende explicable», analysent les chercheurs.
Les «théoriciens» passent facilement d’une thèse à l’autre et présentent des niveaux d’instruction très différents. Plus gênant: la désinformation qu’ils subissent et propagent à leur tour semble impossible à endiguer.
On ne tue pas les théories du complot, on les rend plus fortes
Les internautes décrits par l’étude se nourrissent de sources d’«information», et de contenus, ignorés, voire cachés au grand public. Les stratégies mises en place pour lutter contre les explications fumeuses touchent donc peu de gens sur les réseaux sociaux, et renforcent la conviction des autres.
Une situation qui peut mener à des conséquences très graves, comme refuser de se plier aux prescriptions sanitaires. En août 2014, Fast Company qualifiait le virus Ebola de «première épidémie de l’ère des réseaux sociaux» et rappelait que combattre la maladie passait souvent par la déconstruction des inepties trouvées sur Internet, «un tweet ou un commentaire Facebook après l’autre».
Robin Verner
Source : Slate
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