Mauritanie : les enseignements de la grève des travailleurs de la SNIM

C'est une grande victoire dans la douleur et dans l'unité du mouvement pour les grévistes , un compromis honorable pour le président mauritanien et la SNIM et enfin une solidarité agissante pour l'opposition. Tels sont les principaux enseignements du conflit minier le plus long dans l'histoire de la SNIM ces dernières années.

C'est Ould Aziz lui-même qui a mis la main à la poche pour compléter les deux mois de salaires des grévistes conclus entre ces derniers et la société minière  qui devra faire face aux retombées des deux mois d'inactivité au moment où elle affiche depuis plus d'une année une baisse de production.

C'est un indice révélateur : une grève des travailleurs de la SNIM à Zouérate qui focalise l'attention des mauritaniens voire de tous les partenaires de ce fleuron industriel de la Mauritanie. Un mouvement qui est devenu un symbole de lutte dans cette cité ouvrière presque abandonnée par son employeur. En définitive ce bras de fer entre des grévistes et leur patron a duré deux mois et abouti finalement cette fin de semaine à un accord historique. Ainsi le président mauritanien vient de vivre l'un de ses pires cauchemars depuis sa réélection en 2014.Ould Aziz a opté pour le moindre mal en mettant lui-même à la poche pour soulager le calvaire des grévistes et les milliers de famille dont la vie quotidienne était devenue invivable avec un mois de salaire supplémentaire en plus des deux mois conclus.

C'est une grande victoire pour les travailleurs même si c'est dans la douleur mais c'est l'unité et la persévérence du mouvement qui ont triomphé. C'est le premier enseignement de ce conflit minier.Malgré une sourde oreille au début de la grève Ould Aziz a attendu la fin de sa tournée dans les deux Hodhs pour apporter une réponse politique. Un compromis avec la SNIM, fleuron de l'industrie mauritanienne , premier bailleur national important avec un quart du budget de l'Etat et qui a lâché deux mois de salaire et aussi en intégrant tous les licenciés grévistes dont les délégués syndicaux.Il ne s'agit pas donc d'une compromission.C'est le deuxième enseignement qui devra désormais guidé tous les responsables du pays à tous les niveaux dans toutes les branches de l'administration du pays. Une bonne négociation est un signe de bonne gouvernance.

Ce conflit n'a pas laissé indifférente l'opposition mauritanienne qui est descendue dans la rue pour soutenir les grévistes. Une solidarité pour la cause nationale qui devra faire réfléchir plus à l'opposition pour construire son unité.Dans cette perspective il s'agira de faire son mea culpa et sortir de son silence devant l'impunité des crimes commis par le régime de Ould Taya contre les négro mauritaniens.C'est le troisième enseignement qui appelle au réveil de l'opposition. Autrement dit sortir de sa bulle.

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 5 avril 2015)

 

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