Une TVA qui passe, subitement, de 14 à 16 % ; des frais de douane qui grimpent, pour le riz et le lait importés ; des prix du fer qui chutent, inexorablement, agrémentés d’une grève, suivie presque à 100%, dans notre plus grande société minière ; des prix d’hydrocarbures qui refusent, obstinément, de baisser, malgré la chute, vertigineuse, des cours du brut – -60% depuis juin 2014 ! – une période de soudure qui risque d’être difficile à supporter, faute au déficit pluviométrique enregistré l’hivernage passé ; un secteur des pêches sinistré et une agriculture moribonde…
Le tableau économique, vous en conviendrez, est loin d’être des meilleurs. Que dire alors du politique ? Le fossé s’est tellement creusé, entre le pouvoir et son opposition, qu’il serait illusoire de parler de possibles retrouvailles. Le dialogue, que le pouvoir appelle de ses vœux, paraît désormais une vue de l’esprit, tant les positions semblent inconciliables.
Alors, le prédécesseur de Mugabé à la tête de l’UA cloué au pilori et obligé de lâcher du lest ? Face à un tel déluge de difficultés en tous genres, un président « normal » choisirait, certainement, la voie de la sagesse. Soit pour tenter d’embarquer tout le monde, avec lui, dans la même galère, et ne pas sombrer tout seul. Soit pour alléger la pression sur son pouvoir assailli de partout.
Après avoir connu plusieurs années successives d’abondance, somme toute relative, avec des prix des matières premières atteignant des records, tout comme ses recettes fiscales et douanières, et une embellie extérieure marquée par une présidence de l’Union africaine, le régime serait-il en train de manger son pain noir (sans jeu de mots) ? Sinon, comment expliquer son empressement à vouloir dialoguer, alors que l’opposition semble avoir tourné cette page, et qu’il s’acheminait, « tranquillement », vers la fin de son deuxième – et dernier ? – mandat, avec une confortable majorité au Parlement ? Ou le dialogue ne lui serait qu’une proposition, jetée en pâture à l’opinion, pour donner l’impression que c’est l’opposition qui freine des quatre fers pour ne pas décrisper la scène politique ?
En tout cas, dialogue ou pas, on n’est toujours pas sorti de l’auberge. Il faut dire que le citoyen ordinaire, qui peine à joindre les deux bouts, ne s’en préoccupe pas outre mesure. Son quotidien de privations et de misère ne s’améliorera pas beaucoup si une poignée de politiques s‘assoient autour d’une table pour « se crêper les cheveux ». Pouvoir, opposition patentée, même panier, pour celui, percé, de la ménagère. Il y a tout un monde, entre ceux pour qui la survie – se déplacer, se loger, se nourrir – occupe la majeure partie de leur budget et ceux qui ne s’inquiètent plus que du superflu. Rien de nouveau sous le soleil ? Questionnez vos grands-parents : en cent ans, les fossés se sont seulement considérablement élargis et la Mauritanie nouvelle d’Ould Abdel Aziz ne semble pouvoir que les approfondir…
Ahmed Ould Cheikh
Source : Le Calame (Le 4 février 2015)
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