Avec mauvaise foi, les dirigeants et techniciens concernés ressortent de leur étui les clichés les plus éculés : « la CAN doit être organisée en été », « c’est nous qui payons les joueurs »… Et, comme toujours, ils ne s’arrêtent pas à ces jérémiades. Certains d’entre eux, dans un mélange de cynisme et d’égoïsme, n’hésitent pas à utiliser stratagèmes, ruses et manigances pour inventer des blessures qui n’existent pas. Quand ils n’exercent pas sur les joueurs leur habituel chantage, dissimulé derrière une rhétorique paternaliste : « Tu sais, tu as gagné ta place ! Mais si tu pars disputer la CAN, quelqu’un d’autre sera titularisé et tu te retrouveras sur le banc des remplaçants à ton retour… »
Une ligne de raison
Pourtant, tous les clubs européens sont censés connaître les règles du jeu : celui qui ne libère pas les joueurs régulièrement convoqués en sélection peut être passible d’amendes. Et les joueurs en question peuvent faire l’objet de suspensions pendant toute la durée de la CAN et même au-delà.
Pendant les cinq années au cours desquelles j’ai présidé l’Olympique de Marseille, nous nous étions fait une ligne de raison au club et avions convenu d’une ligne de conduite que rien n’a jamais fléchie : tout joueur appelé était laissé à la disposition de sa sélection sans autre forme de procès ou de contrepartie.
Le dessous des cartes
C’était en début de saison, lorsque nous configurions notre effectif pour l’exercice à venir que nous anticipions et étalions le dessous des cartes. Chaque cas était individuellement abordé et étudié, afin d’être intégré dans l’évolution du groupe. Cela orientait notre recrutement et en constituait la base.
On rougit presque aujourd’hui d’avoir à revenir sur ces évidences qui devraient être « éblouissantes » pour tout le monde. Les clubs européens ont trop tendance à oublier leur devoir de solidarité envers le football africain, sans lequel le leur ne serait sans doute pas tout à fait ce qu’il est.