Le Maroc, absent du cortège, dénonce des caricatures  » insultantes « 

Ce fut l'unique voix discordante. De tous les pays ayant annoncé leur présence à Paris ce 11  janvier, le Maroc est le seul à ne pas avoir participé à la marche républicaine. Le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a refusé de prendre part au défilé, invoquant " la présence de caricatures blasphématoires du Prophète ", a expliqué l'ambassade du Maroc dans un communiqué diffusé dimanche soir.

D'autres responsables de pays musulmans, dont le premier ministre de Tunisie, le roi de Jordanie, ou encore le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, faisaient pourtant partie du cortège.

M.  Mezouar avait bien fait le déplacement jusqu'à l'Elysée ce dimanche pour dire sa solidarité et présenter les condoléances du Maroc. Selon une source diplomatique marocaine, citée par l'AFP, il avait " l'intention de prendre part à la marche ".

Dès samedi, les autorités du royaume avaient mis comme condition à leur participation l'absence de caricatures de Mahomet dans le cortège. " Ce genre de caricatures insultantes pour le Prophète ne contribue pas à instaurer un climat de confiance, sain ", avait souligné une source marocaine. Il y a quelques jours, le ministre de la communication, Moustapha El-Khalfi, avait prévenu que les journaux étrangers qui publieraient des caricatures en hommage aux -victimes de Charlie Hebdo seraient interdits de distribution dans le royaume.

Message à vocation interne

Aucune caricature, pourtant, n'était visible ce 11  janvier dans le cortège des chefs d'Etat et de gouvernement réunis autour de François Hollande. Mais " la marche est une même si pour des besoins de sécurité, elle est cloisonnée ", a répondu une source officielle marocaine interrogée par Le Monde.

Au Maroc, pays classé 136e sur 180 pour la liberté de la presse en  2014 selon Reporters sans frontières, le sujet est sensible. En  2006, le Journal hebdomadaire, l'une des rares publications indépendantes du royaume, qui a fermé depuis, avait été violemment pris à partie pour avoir reproduit une photo où l'on devinait les caricatures du Prophète parues dans un journal danois.

L'intransigeance marocaine de ce dimanche pourrait ainsi être un message à vocation interne. De nombreux observateurs ont aussi vu dans ce refus marocain l'effet des relations diplomatiques tendues entre Paris et Rabat, conséquence, entre autres, du dépôt à Paris de plaintes pour torture à l'encontre du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi.

Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, a bien reçu son homologue marocain dimanche matin, mais la crise est profonde. Dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique, M.  Mezouar explique que sa persistance est due à l'absence de " volonté politique " de Paris.

 

Charlotte Bozonnet

 

Source : Le Monde

 

 

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