Dindon de la farce

Disgrâce pour détournement de fonds de l’ambassadeur de la Mauritanie aux Emirats Arabes Unis, destitution de son homologue au Qatar après des malversations commises alors qu’il occupait le consulat général de la Mauritanie à Las Palmas, disqualification du chargé d’affaires et du comptable de l’ambassade de la Mauritanie à Dakar suite à la disparition d’importants montants du compte de la chancellerie…

 

Et la liste ne s’arrêterait pas là, si l’on en croit des sources dignes de foi qui soutiennent que cette fois, « ce serait bel et bien la belle ! » Tout porte en effet à croire que la lutte contre la corruption -cette menace tant brandie par le président Ould Abdel Aziz- est enfin réalité.

La mise en demeure des diplomates indélicats, sommés de restituer les montants subtilisés, ne serait que le premier acte d’une longue série de demandes d’explications auxquelles devraient répondre tous les fonctionnaires de l’Etat récemment épinglés par les services de contrôle de l’IGE. Et ils sont nombreux !


La lutte contre le fléau de détournement des biens publics s’impose aujourd’hui à cause de ses conséquences dramatiques sur le développement du pays. La pauvreté touche environ 80 pour cent des Mauritaniens et la courbe ne fait que s’aggraver.


De tous temps, la lutte contre la délinquance financière, la corruption et autres atteintes aux biens publics, est restée un vœu pieux pour le citoyen, toujours frustré de voir, in fine, des atteintes graves aux ressources publiques rester sans suite. Parce qu’entre temps, la tribu se sera dressée pour couvrir ses protégés ! La question de la malversation étant politique par essence, c’est la famille politique ou tribale qui intervient quand un de ses membres est interpellé.

Chaque fois, incapable de résister à la pression tribale, l’Etat a fini par se rétracter au dernier moment face aux personnes qui devaient répondre de leurs actes. Preuves de cet état de fait, tous les fonctionnaires qui avaient été accusés ces dernières années de malversations de fonds publics ont été finalement acquittés ou ont bénéficié de liberté provisoire. La probabilité est ainsi très forte de voir les Mauritaniens revenir à la case départ. D’autant que l’on signale déjà, des interventions de partout qui tentent de circonscrire l’action des pouvoirs publics. Ainsi, alors que la rupture tant attendue commençait à prendre forme, voilà que les vieux réflexes des lobbies tribalo-ethnico-commerciaux tentent de reprendre le dessus pour imposer leurs vues sur une Mauritanie qu’ils veulent pour eux. Eternellement. L’immixtion de chefs tribaux dans le processus de réhabilitation de la gestion des biens publics trahit le principe de l’équité et de la justice, fondement de la constitution.

Comme les fois précédentes, le peuple aura finalement été le dindon de la farce, celui-là qu’on traîne de bout en bout, comme les moutons de Panurge, naïfs imbécile et dépassé et même inconscient de son sort. L’unique enseignement qu’il pourra tirer se résume à la leçon qui lui a appris à ses dépens, que quoi que l’on fasse ici bas chez nous, « le système » demeure. Le référent est toujours vivace. Les réflexes aussi.

Nous avons appelé à la justice, dessiné les contours de l’avenir que nous voulons pour notre pays et dégagé les voies qui peuvent nous y mener, mais les embûches demeurent énormes.

Certains piliers sont encore en place, étouffant toute action productive. Ils continuent de faire main basse sur toutes les sphères de décision. Malgré l’entrain que le président de la République a mis dans l’annonce de la lutte contre le détournement des biens publics, il s’avère que finalement, ce sont les « mafieux » qui décident des outils et des méthodes. Ils se chargent aussi de mettre en exécution ce qu’ils ont eux-mêmes décidé ! Personne ne comprend pourquoi les mêmes lobbies, les mêmes groupuscules tribalo-affairisto-politiques continuent d’orienter le jeu et d’en tirer la ficelle. Ils focalisent tout sur leurs intérêts immédiats, jouent avec le pain du petit peuple, maintiennent les mécanismes de contrôle et d’entretien des disparités criantes, ajournent les grandes questions de notre société, et s’adonnent à tout le mal que nous pouvons imaginer.

Qu’empêche ! La dynamique de départ doit reprendre le cap pour barrer le chemin aux ennemis internes embusqués dans les sphères du pouvoir et qui tirent de celui-ci leurs propres forces. L’heure n’est point à l’hésitation et au doute, car il s’agit d’une question de première importance, celle de la sécurité de nos fonds.

 

Amar Ould Béjà

 

Source : L'Authentic.info

 

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