Abdoul Birane Wane en marge de son voyage en Europe sur avomm.com

Bonjour Monsieur Abdoul Birane Wane, vous êtes le coordinateur national de TPMN (Touche Pas à Ma Nationalité), merci d'avoir bien voulu accepter notre invitation au moment où vous êtes en tournée, en France et en Belgique.

D'abord quel est le sens de cette tournée européenne?

Après trois ans de lutte sur le terrain nous avons jugé impératif de faire connaître davantage la cause que nous défendons à l’extérieur en exposant la situation réelle que la Mauritanie traverse. Il est aussi question de rencontrer nos militants et les sympathisants qui ont joué un rôle important dans l’évolution de notre organisation.

A notre connaissance, c'est votre premier voyage en France, avez-vous été reçu par les autorités françaises?

Oui j’ai été reçu au Quai d’Orsay où j’ai exposé la situation des noirs en Mauritanie. C’est important que les puissances occidentales parmi elles la France soient informées de manière objective du combat que nous menons pour l’égalité de tous les Mauritaniens. Nous nous félicitons de l’importance que les autorités françaises nous accordent. Par la même occasion nous avons fait des rencontres très enrichissantes avec des organisations françaises des droits humains.

Nous savons que vous êtes un militant de première heure contre l'enrôlement que vous dénonciez, pourquoi?

Je vais me répéter car la répétition est pédagogique. Nous avons dénoncé cet enrôlement dès le début par des actes concrets et énergiques. Nous avons eu des inquiétudes par rapport même à la constitution des différentes commissions nationales et départementales qui sont monocolores. Nos inquiétudes se sont confirmées quand les négro-Mauritaniens candidats à l’enrôlement étaient soumis à un interrogatoire humiliant et aussitôt nous avons déduit que cette opération était destinée à créer un nouvel équilibre démographique en faveur de la composante blanche. Nous avons commencé alors à manifester et à chaque fois on nous a réprimés et la suite est connue de tous.

Quels sont vos rapports avec le pouvoir, nous savons que le président de la République vous a reçu récemment?

Le président de la République nous a reçus le 9 avril 2014 et nous avons discuté en toute liberté des problèmes que nous avons toujours posés et qui minent la cohésion entre les Mauritaniens. Au cours de cette rencontre le président a pris l’engagement de résoudre certaines questions dont le remplacement de certains chefs de centres et la suppression de la carte de séjour des documents exigés aux Mauritaniens de l’étranger candidat à l’enrôlement. Beaucoup de choses restent encore à faire. Nous avions aussi posé la question des terres spoliées de la vallée, la question des langues, l’ouverture dans la vallée de centres destinés à enrôler les Mauritaniens qui ne disposent pas de papiers. Nous avons parlé du cas de notre martyr Lamine Mangane, des déportés et rapatriés Mauritaniens.

Quant au rapport avec le pouvoir je vous dis que nous avons rencontré le président pour parler des problèmes ce qui est normal. On peut combattre et dialoguer quand il le faut. Nous serons toujours disposés au dialogue tout en conservant notre discours et notre liberté d’action.

Que représente TPMN? Quel est son combat?

Touche Pas A Ma Nationalité est un mouvement d’avant-garde qui se bat pour la liberté, la justice et la démocratie en Mauritanie. TPMN se bat pour une Mauritanie unie et égalitaire.

Vous avez perdu un militant Lamine Mangane, mort sous les balles des gendarmes de Maghama. Vous avez toujours demandé que justice soit rendue. Où en est ce dossier?

Depuis le 27 septembre 2011 nous n’avons jamais cessé d’exiger que lumière soit faite sur la mort de Lamine Mangane. Le 29 septembre 2011 nous avons marché pour crier notre colère. Le 29 septembre 2012 nous avons organisé un sit-in devant le ministère de la justice et déposé une lettre, le 27 septembre 2013 à la suite d’un sit-in le ministre de la justice nous a reçus et nous avons réaffirmé notre détermination à dénoncer les assassins de Lamine Mangane. Ce 27 septembre depuis Paris, à travers des médias étrangers, nous avons rappelé l’odieux crime commis par la gendarmerie, justice doit être rendue.

Vous avez à plusieurs reprises rendu visite aux déportés du Mali et du Sénégal, quelles sont leurs revendications, au moment où la Mauritanie dit avoir fini avec la question du passif humanitaire?

Nous rappelons que 14,000 Mauritaniens restent encore au Sénégal sans parler de ceux qui sont au Mali. La situation des rapatriés est connue de tous, ils vivent dans la misère. Les anciens fonctionnaires n’ont pas été indemnisés dans leur totalité. Donc cette question n’est pas totalement résolue.

Et La diaspora Mauritanienne?

J’ai rencontré des membres de la diaspora Mauritanienne en Europe et nous avons réaffirmé la nécessité de mener ensemble le combat dans une véritable synergie.

Croyez-vous en l'avenir de la Mauritanie?

Naturellement je crois en la Mauritanie mais à voir comment les choses se déroulent, nous sommes inquiets pour l’avenir de certaines communautés en Mauritanie.

Votre dernier mot, monsieur le coordinateur?

Nous encourageons la jeunesse à résister pour la libération de notre peuple.
Nous remercions nos doyens de lutte et camarades Ousmane Abdoul Sarr et son organisation AVOMM pour son soutien qui a été déterminant dans la réussite de ma mission, Ciré Ba, Abdoul Aziz Soumaré, Hamedine Kane, Bocar Oumar Ba et Abderahmane Wone depuis le Sénégal. Nos chaleureux remerciements à la grande militante Mireille Hamelin pour l’important rôle qu’elle a toujours joué dans la lutte pour la dignité des noirs en Mauritanie.

Nous vous remercions bien chaleureusement et vous souhaitons bonne chance Monsieur Wane.

Mireille Hamelin, Adama Sarr
Pour avomm.com

 

Source : avomm.com (Le 19 octobre 2014)

 

 

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