La solide croissance affichée par la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne devrait se poursuivre, annonce la directrice du département Afrique au Fonds monétaire international, Antoinette Sayeh. Cependant, la région doit régler la question de la flambée du virus Ebola et les difficultés d’ordre intérieur.
Les perspectives économiques du Fonds monétaire international (Fmi) restent globalement favorables pour l’Afrique subsaharienne, région qui devrait réaliser 5 % de croissance cette année et 5 ¾ en 2015, mais diverses tendances divergentes sous-tendent ce tableau globalement favorable. Selon la directrice du département Afrique au Fmi, Antoinette Sayeh, « ces considérations globales cachent un certain nombre de tendances différentes ». N’empêche, ajoute Mme Sayeh qui s’exprimait lors des Assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale qui se tiennent à Washington, « la solide croissance que la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne ont connue durant ces dernières années va, semble-t-il, poursuivre sa dynamique ». Elle constate trois tendances relativement divergentes. D’abord, explique-t-elle, la grande majorité des pays subsahariens continuent d’enregistrer une croissance vigoureuse, alimentée par le maintien de l’investissement public dans l’infrastructure, le dynamisme du secteur des services et une forte production agricole. « L’activité dans les pays à faible revenu de la région en particulier demeure solide. Nous nous attendons donc à ce que l’Afrique subsaharienne reste la deuxième région du monde en termes de croissance, juste derrière les pays émergents et en développement d’Asie », dit Antoinette Sayeh.
La seconde tendance est relative à la « tragique situation » qui sévit en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, pays confrontés à la flambée de l’épidémie d’Ebola. « Outre le coût intolérable en vies humaines, et par-delà les souffrances et les bouleversements sociaux, cette flambée porte aussi gravement atteinte à l’économie et aux institutions de ces pays, au demeurant déjà fragiles », dit-elle. Mme Sayeh craint aussi pour les voisins ouest-africains. « Même si le fléau se limite à ces trois pays, nous commençons à observer concrètement des retombées négatives dans les nations voisines. En Gambie, dont l’économie dépend fortement du tourisme, et au Sénégal, où cette dépendance est moindre, de nombreux voyages et séjours ont été annulés », se désole la directrice du département Afrique au Fmi. Des carrefours régionaux, tels que le Ghana et le Kenya, pourraient pâtir de l’effet Ebola en connaissant un tassement passager du trafic aérien et de l’activité hôtelière, avertit-elle.
La troisième tendance concerne les pays, peu nombreux, où l’activité économique est confrontée à des difficultés d’ordre intérieur. Antoinette Sayeh donne l’exemple de l’Afrique du Sud, pays où la croissance demeure timide du fait de problèmes dans l’approvisionnement en électricité, d’une faible compétitivité sur les marchés des produits et des tensions sociales. Au Ghana et plus récemment en Zambie, de grands déséquilibres macroéconomiques ont causé des tensions sur le taux de change et l’inflation. Ces tendances négatives n’affecteront globalement pas la croissance subsaharienne. Cependant, recommande Mme Sayeh, « il importe de ne pas perdre de vue cette image globalement positive, même si dans la presse prédominent les redoutables défis que doivent relever certains pays de la région ». En dehors des pays confrontés à Ebola, elle rappelle les conflits en Centrafrique et au Soudan du Sud.
De notre envoyé spécial à Washington Dc, Malick CISS
Source : Le Soleil (Sénégal)
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