«Si je meurs ou disparais, publie ça» : il y a un site pour cela maintenant

Reste à savoir si les potentiels lanceurs d'alerte peuvent faire confiance au service.

Vous détenez des informations confidentielles et vous vous sentez menacé? Un site hébergé par le réseau Tor, Dead Man Zero, prétend offrir la possibilité aux éventuels lanceurs d'alertes d'être assurés que leurs informations soient publiées s'ils sont assassinés, torturés ou emprisonnés, raconte Motherboard. Une idée discutable qui pourrait mettre en péril la sécurité de vos données.

 

Sur la page d’accueil de Dead Man Zero, à côté d’une photo de Jack Bauer, personnage principal de la série 24h, l’administration du site vous promet:

«Il devrait y avoir des conséquences si vous êtes blessé, emprisonné ou même tué pour avoir tenté de rendre un véritable service à notre société libre [en révélant des informations sensibles]. Vous êtes désormais protégé. Si quelque chose vous arrive, alors vos informations peuvent être rendues publiques.»

Avec toutes les théories du complot qui entourent certains décès médiatisés, le service arrive à point nommé. Le site garantit une utilisation très simple. Tout d’abord, vous téléchargez vos fichiers cryptés avec un mot de passe sur un réseau de stockage en ligne. Ensuite, vous copiez le lien sur Dead Man Zero qui encryptera lui-même le dossier. Vous obtiendrez alors une URL unique pour vous connecter et seulement accessible avec le réseau Tor. Le site est également accessible depuis un smartphone, en supposant que le vôtre puisse accéder à des services cachés sur le darknet. Les utilisateurs sont tenus de payer 0,30 bitcoin à l’inscription, soit 94 euros (selon les taux de change du 23 septembre 2014).

Si vous oubliez de vous connecter une fois par jour, par semaine ou par mois, selon l’option que vous avez choisie, vos documents et votre mot de passe seront publiés sur le site et envoyés à une liste d’adresses e-mails fournie à l’avance. Qu’il s’agisse de journalistes susceptibles de croire assez en vous pour révéler votre histoire, ou de votre avocat.

La rédaction de Motherboard a essayé d’entrer en contact avec les administrateurs de Dead Man Zero, en vain.

Une prise de risques difficilement évaluable

Les lanceurs d'alerte en devenir devraient toutefois faire attention. Premièrement, quelle est la preuve que les administrateurs du site vont tenir leurs promesses? Joseph Cox, auteur de l'article de Motherboard, affirme:

« Une personne qui s’apprête à faire fuiter des informations sensibles est susceptible de s’y connaître en sécurité et serait sans doute plus confiante à l’idée de créer son propre service plutôt que de confier ses données à des tiers.»

A l’instar d’Edward Snowden, qui dispose de son propre «Dead Man service» quoique ce ne soit pas «la meilleure des idées», selon Bruce Schneier, expert en sécurité informatique:

«Je serais plus inquiet que quelqu’un veuille me tuer pour que les documents soient publiés que le contraire. N’importe quelle situation implique des adversaires différents, c’est important d’en tenir compte lorsque l’on développe ce type de systèmes.»

L’idée seule de télécharger les données sur un service de cloud computing pourrait poser un problème aux plus sceptiques. Et cela même si le service recommandé, SpiderOak, emploie une politique de confidentialité stricte qui les empêche d’avoir accès à votre contenu.

Enfin, si les lanceurs d’alerte oublient simplement de se connecter, ils risquent de dévoiler des données qu’ils n’auraient sans doute jamais avoir voulu publier de leur vivant.

Selon Motherboard, à l'interrogation «comment pourrions-nous savoir si le service fonctionne toujours dans (…) dix ans?» classée dans leur Foire à questions, les administrateurs répondent qu’il est impossible d’en être sûr. Mais se veulent rassurants:

« Nous connaissons des personnes qui gèrent des services de haute-sécurité depuis 1993, soit une vingtaine d’années. Il y a donc de bonnes chances pour que vous continuiez de disposer du service dont vous avez besoin. »

 

Emeline Amétis

 

Source : Slate (France)

 

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