Dans un discours historique, prononcé en arabe dialéctal, en janvier 2011, avec un ton humble, le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, annonçait qu’il ne briguera pas la magistrature suprême en 2014 et qu’un vaste plan de démocratisation sera mis en œuvre immédiatement.
Liberté de la presse, reconnaissance de tous les partis d’opposition et du droit de manifester, sont des engagements parmi d’autres déclarés par l’ex dictateur aux tunisiens pour contenir, ce qui allait devenir par la suite le printemps arabe, relativement réussi dans ce pays, faisant passer la Tunisie de l’ère de la mainmise d’une aristocratie vers un avenir de démocratie progressive, promettant un encrage véritable des fondements de l’Etat de droit.
Un discours gravitant autour de « pardon, je vous ai compris », ces excuses tardives qui ont fait déborder le vase déjà plein, mettant la Tunisie à feu et à sang, obligeant Ben Ali de s’enfuir pour sauver sa peau de la colère des tunisiens, abandonnant familles et fortunes accumulées pendant des décennies de règne en seigneur absolu.
En refusant aujourd’hui de regarder les maux de la Mauritanie en face, de les reconnaître tout en tenant des sermons sincères de lutter contre leur persistance, le parti au pouvoir, l’Union Pour la République (UPR), verse dans ce même discours « benalien », à l’origine de la foudroyante révolution tunisienne.
Nier l’existence de l’esclavage en Mauritanie ou parler de risque zéro pour l’unité nationale, en illustrant ses propos par des exemples qui tiennent à la seule apparence trompeuse des faits, non pas à la vérité cruelle vécue sur le terrain ou aux rapports très tendus et parfois exécrables qui prévalent entre les communautés, c’est verser incontestablement dans ce discours « benalien ».
Un langage qui laisse penser, qu’en dépit de sa prise de conscience de la gravité des maux, pour s’employer dés à présent à les surmonter, le parti au pouvoir, en rajoute de son piment sur la plaie béante, en persévérant dans leur déni catégorique, accentuant les risques de déchirure et de lassitude sociale à l’origine des foyers insurrectionnels en veilleuse, dont les étincelles une fois déclenchées, balayeront tout sur leur passage comme cela est arrivé à la Tunisie de Zine Eddine Ben Ali.
Selon le président du parti au pouvoir, Me Sidi Mohamed Ould Maham, l’appel des FLAM pour une autonomie du sud du pays « ne rencontre aucun intérêt au sein des composantes du peuple mauritanien.
« La Vallée, au nom de laquelle ils parlent, les rejettent eux et leur discours séparatiste » a-t-il dit, affirmant que la preuve en cela est l’organisation de réunions, en lieux clos et des sorties médiatiques sans échos.
On peut s’accorder avec le leader de l’UPR que l’autonomie ne fait pas l’unanimité des mauritaniens, mais ses corollaires, que sont l’exclusion à tous les niveaux de la pyramide Etat, dans l’armée, l’éducation, les nominations, l’expropriation foncière, le calvaire interminable des rapatriés ne sont-ils pas des vecteurs, qui ne sont que des cas parmi plusieurs autres, qui militent tous pour la revendication d’un tel statut politique, et qui peuvent tout faire basculer.
L’incident indigne de Niabina et avant lui de l’enrôlement, sont-ils pas des preuves irréfutables de cette fragilité de l’unité nationale et de cette politique de deux poids deux mesures prônées par le sérail dans toute sa hiérarchie, particulièrement politicienne dans la haute administration, vis-à-vis des composantes nationales.
Evoquant l’esclavage, un autre terrain critique où le pouvoir se réchauffe désarmé comme un vainqueur , Me Maham circonscrit cet « ebola social » à des séquelles, s’alignant naturellement au discours officiel, citant les efforts du gouvernement pour éradiquer ces résidus.
Le président de l’UPR affirme que c’est au pouvoir actuel de dénoncer de telles pratiques parce que c’est son orientation, sa conviction soutenue par des réalisations concrètes allant dans le sens des choix du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Et toujours dans cette obsession de rejeter la réalité cruelle et visible, Me Ould Maham accuse certains milieux de faire « un commerce politique » avec la question de l’esclavage en Mauritanie, précisant que toutes les composantes du peuple vivent en parfaite symbiose.
Des propos rejetés en bloc par les antiesclavagistes, selon lesquels, le pays, encore otage de ses discours politiciens, ne fait que s’enliser dans les pratiques d’asservissement et d’exclusion.
Des allégations qu’il faut prendre avec précaution. Le célèbre adage, ne dit-il pas qu’il n y a d’eau plus dangereuse et plus profonde, que l’eau dormante. C’est typiquement ce pouls qui reflète avec la plus grande pertinence la température de la présumée cohésion du peuple mauritanien.
Au foyer, en aparté, chaque communauté, chaque groupe, commence à stigmatiser l’autre, à renier son appartenance à la Mauritanie, à l’accuser d’œuvrer dans la discrétion dans son exclusion pour régner en maître absolu sur le pays. Il est temps de faire découvrir nos maux pour être en mesure de les guérir.
Ces sentiments égoïstes et ségrégationnistes ne sont pas extériorisés publiquement, sinon rarement, leurrant sur cette présumé symbiose qui n’existe que de nom dont se flatte l’UPR.
En fait, l’unité nationale et l’esclavage ne peuvent pas se construire par des mots et des programmes purement politiques. Tous les deux forment les extrémités de cette bombe à retardement qu’il urge de désamorcer à temps pour engager résolument la Mauritanie dans la voie de la prospérité, du bien être et du développement. Le reste, n’est que pure démagogie.
Jusqu’à quand alors, nos dirigeants continueront-ils à observer cette interminable politique de l’autruche, alors que le pays est exposé à mille et un dangers, ignorés ou négligés par ses premiers dirigeants censés le protéger contre le chaos.. Qu’Allah préserve la Mauritanie. Amin
Md O Md Lemine
Source : Temps Forts
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