Alors que les pourparlers maliens en Algérie traînent en longueur et que le président IBK s’oppose à tout fédéralisme ou autonomie, l’Ecosse se prononce sur son destin. C’est forcément un dossier africain.
Les 4 millions habitants de l’Ecosse, ce petit bout de terre qui renferme les trois quarts des ressources pétrolières du royaume uni, sont appelés aujourd’hui à se prononcer sur leur indépendance. Les différents sondages réalisés jusque-là laissent entrevoir un score serré. Malgré 300 ans d’union avec l’Angleterre, cette région spécifique avec sa langue, sa culture et son identité, assiste à la montée en force des courants indépendantistes depuis les années 70. En 1979, un référendum donnant lieu à la constitution du Parlement est annulé pour cause de forte abstention.
En 1997, le parlement est obtenu par référendum ouvrant la voie à une large autonomie que Londres croyait suffisante pour enrayer toute volonté d’indépendance véritable. La vague n’a fait que grossir depuis.
En 2011, les indépendantistes du Scottish National Party occupent 53% des sièges soit la majorité absolue. Son chef Alex Solmon s’était engagé à organiser des consultations sur l’indépendance. Si dans le fond, les écossais nourrissent des velléités indépendantistes comme les sud-soudanais hier et les nord maliens aujourd’hui, il faut dire que ce cas diffère bien de ceux évoqués par son caractère transparent et démocratique. Le scrutin est organisé de bout en bout par le parlement écossais. En dépit de son opposition à l’indépendance de l’Ecosse, Londres attend démocratiquement le verdict des urnes. Si le oui à l’indépendance l’emporte, les conséquences seront pourtant importantes, y compris sur la livre sterling qui sera probablement abandonnée au profit de l’euro, à moins de la signature d’une union monétaire, et sur le PIB réduit de 9,8%.
De son côté, l’Ecosse doit renoncer à 15 milliards d’euros que lui verse son partenaire pour le financement de son système de santé et supporter l’équivalent de 8% de la dette britannique. Autre perte, les entrées liées à la base militaire britannique (dédiée à la dissuasion nucléaire) sur le port de Falsane. Si l’Ecosse abrite l’essentiel des gisements de pétrole et de gaz de l’Union, ceux-ci devraient s’épuiser dans 30 à 40 ans, ce qui compromettrait la viabilité économique du nouvel Etat et accréditerait l’apocalypse brandi par les partisans du maintien au sein du Royaume Uni. Le sort du vote sera sans doute décidé en dernier ressort par les 1,2 millions de retraités dont la pension viennent de la Grande Bretagne.
Quoi qu’il en soit, ce dossier est suivi de près par la Belgique et par l’Espagne, où Flamands et Catalans aspirent à prendre leurs destins en main. En Afrique, le cas malien et soudanais pour ne limiter qu’à ceux-ci est révélateur des difficultés de l’Etat-Nation centralisé. C’est peut-être le temps des Etats Nations au pluriel. A noter que le scrutin n’est pas ethnique contrairement à ce qu’on a vu au Sud Soudan. Ce sont les résidents qui votent. Les 700 000 écossais établis en dehors du pays en son exclus alors que les 300 000 anglais qui y vivent se prononceront. Une leçon de démocratie dont les déflagrations seront ressenties de Kiev à Bamako.
Source : Financial Afrik
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com