La jeunesse d’Ould Abdel Aziz: La guerre de toutes les chapelles

Le mandat qui commence serait bien celui de la jeunesse. Un peu, à l’instar du premier mandat, où la thématique des pauvres a été brandie et adoptée, au moins dans le discours du candidat président Mohamed Ould Abdel Aziz, la jeunesse, quant à elle, entend bien avoir son  mandat. Elle a déjà eu “sa rencontre’’ avec le président, en mars dernier, à deux mois de la fin du premier mandat et de l’élection présidentielle en vue. Le second et ultime mandat sera-t-il vraiment celui de la jeunesse ?

Pourtant la jeunesse a eu sa campagne présidentielle, bien à elle. Un premier pas, dit-on, vers la participation au mandat qui s’annonce. Mais sa campagne n’a pas été facile. Pas en tout cas comme sa maîtrise de sa rencontre avec le président de la République.

Qui a été proprement jeunesse. Or, il faut dire que la participation à la campagne présidentielle a été pour elle un premier test quelque peu difficile. C’est un créneau porteur, tel celui des pauvres, ou celui, par exemple du Livre, au temps de Maaouya, sur lequel on pourrait bien surfer. C’est l’instinct politique : la récupération.

Ainsi donc la jeunesse allait nourrir une véritable guerre de chapelle au sein des différents segments du pouvoir. Il faut bien que chacun ait son jeune ! L’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité, à travers son trop ambitieux président, Isselkou Ould Ahmed Izid, s’active pour  recruter quelques jeunes à placer sur l’orbite-jeune afin de contenir ou détourner le mouvement à défaut de le mettre sous son emprise.

Au moins, l’un des généraux, en l’occurrence, Mohamed Ould Meguet, directeur général du BED, (un instrument public, naguère dédié aux renseignements extérieurs, qui a perdu son âme avec les militaires, devenu une  espèce d’officine  de recrutements et d’espionnage sur les misères des tribus et citoyens mauritaniens), tient quelque jeune sous sa coupe. Isshaq Al Kunti, le chargé de communication au sein de la présidence de la République, pour le compte visiblement de l’UPR, tente, lui aussi, d’avoir son quota de jeunes.

Avant-hier, dans un hôtel de la place il donne son onction à un courant de jeunes présidé par le jeune homme d’affaires Dy Ould Zeine, et “minimise,” dans son intervention, pour l’occasion, “le rôle joué par les initiateurs de la Rencontre des Jeunes avec le président de la République’’ et parle de ‘’la volonté de ces derniers de s’approprier  la Jeunesse’’. D’autres segments du pouvoir et forces tribalo-régionales tentent, chacun de sa chapelle, de “se faire sa jeunesse”.

Au cours de la campagne présidentielle, la jeunesse issue de la fameuse Rencontre-Jeunesse-Président s’est vu coller sur le dos un intrus, ce même Dy Ould Zeine, nommé vice-président de la commission jeunesse, secondant ainsi un certain Mohamed Djibril. L’argent du jeune homme d’affaires Ould Zeine allait perturber la quiétude et rendait le Djibril de la Rencontre des Jeunes sans pouvoir, ni avoir.

Soutenu par des intermédiaires au sein du directoire de la campagne, Dy Ould Zeine allait délier bourse et faire couler l’argent à flots pour consolider son ancrage officieux. Côté visibilité, une fête musicale, payée par le jeune homme d’affaires et de politique,  battait tambour et trompette durant toutes les soirées de la campagne sur la route de Nouadhibou, dans le quartier chic de  Tevragh Zeina.

Beaucoup de tiraillements…

Pourquoi tant de tiraillements ? Tout ce monde se chamaille pour se positionner en perspective de ce qu’on appelle déjà le Haut Conseil de Jeunesse. Certains y tiennent. D’autres ne le veulent que pour eux. Et d’autres lui souhaitent tout simplement une mort prénatale.
S’agissant du Haut Conseil des Jeunes, jusqu’à présent, c’est une charge qui a été confiée, par le président de la République, aux jeunes de la Rencontre.

Le canal historique, si on ose dire. Dont les promoteurs se targuent d’une certaines virginité politique et prétendent être émancipés des dépendances tutélaires. Eux, c’est le président de la République en personne. Ou à travers un ou une intermédiaire qu’on dit désintéressé(e). Ils sauraient même se vanter d’avoir été à l’origine du Haut Conseil des Jeunes. Dont la monture leur a été même confiée par Mohamed Ould Abdel Aziz. 

Une première conception a été faite de ce que serait cet outil, ou cette instance. On lui donne déjà le statut d’instance consultative, dont l’ancrage est l’institution de la présidence de la République. L’heure, aujourd’hui, est au choix des cadres qui devront meubler cet outil. De quoi attiser toutes les guerres de chapelles.

Mais, on a un peu comme l’impression que Mohamed Ould Abdel Aziz, celui-là, l’ultime arbitre à qui revient le dernier mot, laisse faire. Laisse faire, s’il n’alimente pas vraiment toutes ces guéguerres ? C’est bien un procédé à l’ancienne, diviser pour régner.

Mais, c’est aussi, possible, une manière de faire diluer l’énergie de la jeunesse dans des tiraillements stériles. Dont le seul gagnant serait le tout libéré, qu’il est,  des engagements pris à l’adresse de cette jeunesse. Si un Haut Conseil des Jeunes est source de discorde. Autant passer outre. Et le président en sortirait bien dédouané. Comme quoi toutes les batailles politiques, ici, nobles ou peu glorieuses,  viennent mourir enfin pour servir les instants du  premier citoyen du pays. Et guère le pays !

AVT

Source: Biladi

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