Mauritanie : les marcheurs rapatriés du Sénégal en mode passif

Depuis la rencontre avec le président mauritanien en juin dernier à Aleg dans le Brakna les braves marcheurs rapatriés du Sénégal ne font plus parler d'eux.Silence ou lassitude?En tout cas les observateurs s'interrogent sur cette apparence de passivité en décalage avec l'ampleur et la justesse des revendications portant sur le règlement du passif humanitaire.

Cela relève de la pure naïveté que de croire aux promesses de Ould Aziz comme en témoigne le dernier rapport des Nations-Unies en Mauritanie qui fait planer des doutes pour la réconciliation nationale. Cette passivité des marcheurs pourrait être interprétée également comme une absence réelle de leader des oubliés de la République.

Les mauritaniens étaient derrière eux quand ils ont déclenché pour la première fois depuis leur retour en 2008 en Mauritanie la plus longue marche de l'histoire des rapatriés du Sénégal de Boghé à Nouakchott.Un soutien qui a dépassé même les frontières du pays tellement ces centaines de marcheurs parmi eux des séniors avaient bravé la chaleur la soif et la faim.Leur arrivée dans la capitale mauritanienne après une dizaine de jours de souffrances fut accueilli avec joie par les populations issues surtout des quartiers populaires.Mais une fête qui a été gâchée par une répression aveugle des forces de l'ordre.

Derrière ce coup fourré une manœuvre du régime de Ould Aziz pour retarder une audience avec les représentants du mouvement et surtout étouffer dans l'oeuf une marche qui avait une allure de petite révolution.La suite un rendez-vous en dehors du palais de Nouakchott au gré d'une pré campagne présidentielle dans le Guidimaka et le Brakna.Le chef de l'Etat promit ainsi de résoudre les quelques revendications des oubliés de la République qui portaient notamment sur l'enrôlement , la scolarisation des enfants, les terres spoliées et l'amélioration des conditions d'existence dans les camps disséminés au Sud du pays. Et depuis le candidat de l'UPR a été largement réélu et sera investi dans ses fonctions le 2 août prochain à Nouakchott.Et depuis les marcheurs semblent se contenter des paroles du président mauritanien que les observateurs qualifient de peu crédibles si l'on se réfère aux prières de Kaédi en 2008 et à une journée nationale d'apparence seulement de réconciliation nationale pour dédouaner les vrais responsables des crimes commis de89 à 91 par le régime de Ould Taya.

C'est cette faiblesse du régime actuel face à l'impunité et qui pratique des discriminations ethniques que vient de pointer un rapport des Nations-Unies suite à une visite de son rapporteur spécial en 2013 en Mauritanie. C'est clair les promesses de Ould Aziz sont synonymes d'oubliettes et que les marcheurs en devront tirer les conséquences. Leur attentisme actuel ne s'explique pas compte tenu de l'ampleur de la cohabitation.Les observateurs semblent privilégier la thèse d'absence de leader réel capable de conduire un mouvement durable.Les mouvements citoyens comme TPMN et politique les FLAM et partis politiques négro mauritaniens pourraient également apporter leur pierre dans la construction d'une nouvelle Mauritanie. Un débat national sans véritable volonté politique ne peut résoudre la cohabitation.

 

Bakala Kane

(Reçu à Kassataya le 17 juillet 2014)

 

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