Quand Richard Attias tire sur le cadavre de la presse africaine

Dans la supposée guerre entre le publicitaire français, Richard Attias, et la presse africaine, il y a une victime collatérale qu’il ne faut pas passer par pertes et profits: la vérité. Celle des chiffres de l’organisation d’un forum à tout le moins glamour, à défaut d’être économique.

 

 

La diffusion de la vérité des chiffres  sur l’organisation comme sur le pactole de contrats servis à la face des cameras nous fera sans doute rabattre notre caquet. Au  même titre que ces indignés du Gabon qui ont le droit de douter des retombées d’un forum qui n’a pas pris à New York, qui  été rejeté par le Qatar avant de trouver un terrain propice dans la forêt tropicale africaine.

 

Il est tout à fait légitime pour le contribuable gabonais, délesté de 5 millions de dollars sacrifiés aux nécessités de l’organisation, de se demander combien lui coûte un événement  où il y prend partie mais à la marge. Le seul chiffre brandi par Richard Attias,  sous la torture des questions et entre deux coups de pied à la presse africaine,  loin de calmer les appréhensions, renforce les doutes. Seulement 5% du budget divulgué va au cabinet Attias, a tenu à déclarer le principal intéressé dans cette affaire de fric et de françafrique.

Quant à la presse africaine, elle a rendu l’âme bien avant le coup de canif du publicitaire favori des chefs d’Etat africains. Paupérisée, fragmentée, cette presse, à l’image des économies africaines, fait face à la discontinuité des marchés, aux coûts de la logistique et aux mêmes défis de l’équipe de football du Cameroun: beaucoup de talents, peu d’encadrement et des retards de primes.

 

En cinquante ans, l’Afrique  a produit de grands journalistes( qui sont tous devenus parisiens à la faveur de la dérive des continents) mais peu de grands journaux et, presque, aucun grand projet de presse qui dépasse le nombril du fondateur.

Les égos surdimensionnés des hommes de presse retardent sans doute l’institutionnalisation d’une profession qui s’exerce, s’agissant de la presse panafricaine, depuis Paris et nulle part ailleurs.

En dépit de l’indépendance formelle acquise depuis 54 ans, l’actualité de l’Afrique francophone est fabriquée depuis les bords de la Seine. Idem pour les budgets de com des États et des grandes organisations d’Afrique francophones. Ce sont les agences Havas, Image 7 et autres officines qui renvoient aux potentats et aux dirigeants leur image confectionnée depuis la France et servie avec le préjugé extérieur.

C’est l’école de Paris et de Londres qui tient le la, décerne des trophées rubis sur ongle et  dicte les normes en hypnotisant les classes dominantes africaines, celles qui confondent crédibilité et frisson glamour. À force de triturer le talentueux Attias, nos chefs d’Etat ont brisé un mythe aux yeux des populations africaines  désormais demandeuses de plus de transparence dans la gestion des comptes.

C’est sûr, compte tenu du niveau de démocratie dans nos pays, de l’état de la gouvernance et du peu d’interêt vis-à-vis des groupes citoyens, le seul risque qui guette  le camarade Attias en Afrique est  une overdose de gré à gré.

 

Adama Wade

 

Source : Financial Afrik

 

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