Faut-il, oui ou non, négocier avec Boko Haram?La question divise l’opinion publique nigériane.

Manifestation pour la libération des adolescentes nigérianes, Abuja, 13 mai 201 / REUTERSFaut-il, oui ou non, négocier avec les terroristes de Boko Haram et leur chef Abubakar Shekau? Après quelques atermoiements, le gouvernement nigérian a indiqué être ««ouvert au dialogue» pour obtenir la libération des 234 lycéennes encore entre les mains de la secte islamiste. Même s’il exclue toute idée d’échange.

En effet, lundi, dans une vidéo, le leader de Boko Haram avait proposé d’échanger les adolescentes enlevées mi-avril, à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, contre des islamistes emprisonnés.

Au sein de l’opinion publique nigériane, la question divise. Wole Soyinka, le prix Nobel de littérature de 1986, reconnaît dans une interview accordée à l’Agence France Presse que «c’est un casse-tête, parce que les jeunes filles doivent être sauvées». Pour autant, il ajoute qu’il est difficile d’imaginer une quelconque négociation avec Abubakar Shekau.

«Pour moi, nous avons affaire à une espèce inférieure à l'être humain, comment peut-on dialoguer avec une telle obscénité?»

C’est aussi ce que pense la présidente de Women arise for change, une organisation de défense des droits des femmes au Nigeria. Joe Okei-Odumakin se dit totalement opposée à une quelconque négociation avec Boko Haram.

«Nous n’accepterons aucun échange. Je ne l’accepterai pas. Tout ce que nous voulons c’est que les jeunes filles soient libérées», a indiqué cette militante féministe, dans des propos rapportés par le site nigérian Nairaland.

Cependant, des voix divergentes se font entendre. Elles viennent notamment des leaders religieux du nord du Nigeria. Ces derniers sont notamment contre l’aide proposée par des pays étrangers comme les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne ou la Chine, pour libérer les jeunes filles. Ils estiment que cela risque de radicaliser encore plus la secte et de porter atteinte à l'indépendance du pays.

Dans le même sens, le Vanguard nigérian a relayé la position des hommes d’affaires nigérians, qui considèrent que la proposition de Boko Haram d’échanger les jeunes filles contre la libération des islamistes emprisonnés est à prendre en compte.

Shehu Shani, un militant des droits de l’homme au Nigeria estime d’ailleurs sur le site du Courrier du Sahara que «le gouvernement fédéral n’a pas d’autre choix que de négocier. [et que] si la force est utilisée, leurs ravisseurs n’hésiteront pas à les tuer».

La secte islamiste Boko Haram a été fondée aux alentours de 2002 par Mohamed Yusuf. Aujourd’hui dirigée par Abubakar Shekau, elle déstabilise sérieusement le pays et la sous-région depuis 2009. Selon un récentdécompte d’Amnesty International, les attaques de Boko Haram et les représailles de l’armée nigériane auraient provoqué la mort de plus de 1.500 civils.

Raoul Mbog

Source: slateafrique

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