Nouvelles d’ailleurs : Electricité à (presque) tous les étages…

Ah!!! Voici revenus les bons vieux temps des cours de danses dites de salon ! Le must de la semaine : la valse à 10 000 temps ou l'art, très Nous Z'Autres, adapté à l'infini des petites choses que nous seuls sommes capables de faire, du « un pas en avant, trois pas en arrière ». Sur la ligne de départ de la présidentielle, nous avions six candidats déclarés. Il n'en reste plus, pour le moment, que cinq, nous rendant orphelins de l'harmonie inhérente à tous les chiffres pairs. 6, avec sa petite queue en l'air, est plus sympa que ce 5 tout en arêtes.

 

Notre bâtonnier a donc changé d'avis, soixante-douze heures après avoir mis en pratique ce dont il rêvait, en se rasant, tous les matins, à savoir être Calife à la place du Calife. Soixante-douze heures pour se rendre compte, selon le principal concerné, que toutes les conditions de transparence ne sont pas réunies pour justifier une candidature. Il la fallait, cette barre des soixante-douze heures, pour que la lumière, enfin, se fasse, dans la tête de notre ex-candidat. Pas vingt-quatre ; ving-quatre heures, c'est bon pour la piétaille. Pas quarante-huit ; ces derniers sentent trop le réchauffé, pour avoir une quelconque incidence. Non, soixante-douze.

A la limite du dépôt des dossiers de candidature, à minuit moins une, tout allait bien, apparemment : transparence il y avait, conditions idéales de scrutin à la clé. Et six candidats, en ordre de bataille électorale, chacun avec son programme et ses soutiens financiers. Et, tout au bout, des centaines de milliers de votants heureux de s'être découverts six candidats. Non content de s'être rendu compte que la transparence, c'est comme la sculpture sur les nuages : un coup on la voit, un coup on ne la voit pas ;  notre ex-challenger au trône suprême s'est aussi souvenu qu'il faisait partie du FNDU, FNDU dont tous les partis-membres, réunis dans ce consortium de l'opposition dite historique, ont déclaré boycotter le 21 Juin, au motif que… point de transparence, point de participation.

Alors, si je comprends bien les choses, notre ex-candidat, soit dormait, le jour où le FNDU a appelé au boycott, soit il était absent, hors du pays, soit, encore, avait eu bug, lumières éteintes à tous les étages, plagiant, ainsi, le célèbre «  gaz et lumière à tous les étages »… Chez nous, cette publicité du bon vieux temps des immeubles haussmaniens de Paris fait partie de la vie courante et est adaptée à nos bonnes vieilles habitudes. Selon le camp auquel on appartient, ou auquel on va appartenir, ou vers lequel nous revenons, après avoir nomadisé, ou, encore, nous nomadisons, après avoir nomadisé encore, il y a, parfois, des variantes : certains n'ont que la lumière un étage sur deux ; d'autres, un étage sur trois. C'est normal : dans un pays où il fait chaud comme en enfer, où les moustiques sont les vrais dirigeants, où les vents rendraient fous la chèvre la plus apathique, lumière et gaz, parfois, s'absentent… C'est leur droit le plus absolu.

Bref. Cette course à l'échalote, avec vainqueur déjà désigné, nous renvoie à nos propres étages, nous les Nous Z'Autres. Quand nos politiques n'ont la lumière que, par exemple, au premier étage, au troisième étage, au cinquième, etc., nous l'avons, nous, au second, au quatrième, au sixième… Avec ça, allez essayer d'expliquer la vie politique de notre république dattière et laitière. Je soupçonne certains – suivez mon regard, là-haut, tout là-haut, dans la Maison grise – d'avoir, chance des chances, la lumière ET le gaz, en même temps et à TOUS les étages. Mais, ça, c'est l'apanage des sultans, le droit à l'illumination totale et à la cuisine, tous les jours.

Alors, je résume : un ex-candidat qui, d'un coup, a vu son immeuble s'éclairer à tous les étages, après soixante-douze heures de délestage électrique… Vous en rêviez ? La Somelec l'a fait : l'électrification express ! Amine. Tout est donc en place : ça s'agite dans les états-majors, ça affûte les couteaux, ça compte les défections et les ralliements. Dans les rédactions des journaux, nous attendons les déclarations genre « un groupe de vieux, de jeunes, de grands-pères, de cadres, de quadragénaires, de quinquagénaires, d'adolescents, de belles-mères, etc., annonce son ralliement à tel ou tel candidat électrifié et gazéifié ». Voilà rouverte la saison des meetings électoraux, distribution de petits pains à l'appui, promesses en tout genre, comme « l'électricité pour tous, à tous les étages, un droit pour chacun », tournage de sérouals, retournement de boubous, revirements de babouches, petites perfidies et grandes amours, coups bas et attaques lumineuses…

Et nous, braves citoyens du plus beau pays du monde, en train de tenter, frénétiquement, d'adapter nos étages à électricité et à gaz, à tous ces trous noirs de la Bôlitik, histoire de comprendre les mille et une choses subtiles de ces campagnes… Pour ne pas passer pour des pignes ni être les dindons d'une farce, écrite il y a, maintenant, fort longtemps… Salut

 

Mariem mint DERWICH

 

Source  :  Le Calame

 

 

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