Selon la tradition arabe, Houneïne est un brave marchand préislamique; un jour, il se fait aborder par un «Aarabi» (fruste bédouin) se proposant d’acheter une paire de sandales (Khifeïne) que le marchand proposait à la vente. L’ «Aarabi» marchandait à haute voix, proposant un prix pour les Khifeïne, jugé trop bas par le marchand.
Se rendant compte que les nuisances sonores n’étaient pas à elles seules à même de faire fléchir Houneïne, l’Aarabi décida de renforcer son plaidoyer, en insultant copieusement le marchand et en proférant des menaces physiques à son encontre.
Excédé, Houneïne finit par signifier à l’Aarabi que ses Khifeïne n’étaient désormais plus à vendre, déclenchant une ultime salve de vociférations et de menaces de la part du client impénitent. Touché dans son amour propre, par les humiliations publiques d’Al-Aarabi, Houneïne décida d’échafauder un redoutable scénario de vengeance contre son agresseur. Il devança ce dernier sur le chemin de retour au campement; profitant de passes montagneuses, exiguës et inévitables par l’Aarabi, il jeta négligemment l’un des Khifeïne au milieu de la première passe et continua son chemin. Arrivé plus tard sur cette passe, l’Aarabi remarqua un «Khif» par terre, non sans remarquer qu’il ressemblait étrangement à l’un des Khifeïne qu’il voulait acquérir à vil prix auprès de Houneïne, mais «à quoi bon prendre cet unique Khif», se dit-il. Il décida de le ramasser et de le jeter dans les profondeurs de la gorge abyssale la plus proche.
Au beau milieu de la passe suivante, Houneïne jeta le deuxième Khif et continua à nouveau son chemin, toujours en avance sur Al-Aarabi. Arrivé sur cette deuxième passe, l’Aarabi un brun alerte, remarqua la présence du second Khif et l’identifia. Il décida cette fois-ci de le ramasser et de rebrousser chemin pour tenter de récupérer le premier Khif, tout en abandonnant au beau milieu de ce second passage montagneux son chameau chargé de provisions et biens divers. Houneïne décida de prendre possession du chameau et de son précieux chargement et emprunta un chemin alternatif pour retrouver les siens. Quant à Al-Aarabi, il finît par récupérer le premier Khif au prix d’efforts périlleux, revînt épuisé, assoiffé et affamé vers la seconde passe pour «constater les dégâts». A moitié fou, il réussît à rejoindre son campement, les habitants de ce dernier lui demandèrent «qu’as-tu apporté? Il répondit «Ji-etou Bi Khifeï Houneïne» ( J’ai apporté la paire de sandales de Houneïne). Un adage immortalise cette histoire, «Jaa bi Khifeï Houneïne» (revenir bredouille).
C’est à cette histoire que me fait penser le comportement erratique de l’opposition radicale mauritanienne (COD). Elle avait commencé par réclamer, à cor et à cri, l’instauration d’un dialogue national (premier Khif de Houneïne), avant de glisser malencontreusement vers le ridicule et antidémocratique thème de Rahil. Il s’agit-là de l’équivalent des nuisances sonores et des menaces d’Al’Aarabi contre le paisible Houneïne, le peuple mauritanien. L’Opposition radicale décida ultérieurement de réclamer des élections transparentes (second Khif de Houneïne), tout en décidant de boycotter les élections générales de novembre dernier, en guise de nuisances supplémentaires et de vaines surenchères politiciennes «Aarabiennes». Ces dernières élections ont pourtant eu lieu dans des conditions d’honnêteté, de liberté, de transparence et de pluralisme, inégalées dans l’histoire moderne de la Mauritanie.
Aujourd’hui, le peuple mauritanien assiste médusé au dernier avatar des gesticulations désordonnées de cette opposition hétéroclite, en l’occurrence un nouvel appel du pied pour un dialogue national (pour quels nouveaux objectifs?) et des élections présidentielles consensuelles (qui a intérêt à s’y opposer?). Les extrémistes de Tawassoul et le conglomérat laïcisant de l’UFP et du RFD, tentent à présent d’improviser un attelage politique abracadabrant, avec le (seul) fauteuil présidentiel en ligne de mire…
J’ai la ferme conviction que comme elle a été électoralement éconduite en 2009 et compte tenu d’un comportement politique irrespectueux des règles démocratiques minimales, la COD (Al-Aarabi) se fera infliger une double sanction par le peuple mauritanien (Houneïne), via la récupération, sur le tard, des Khifeïne (Dialogue et Elections consensuelles), tout en essuyant une cinglante défaite électorale lors des prochaines échéances présidentielles et lors des scrutins ultérieurs; car aucun démocrate mauritanien n’acceptera de jeter son pays en pâture à un cocktail politique qui a prouvé sa volatilité et son insanité, quant à sa dangerosité, il suffit de regarder autour de nous! La COD aura alors tout perdu, sauf bien sûr «Khifeï Houneïne»!
Cheikh Elwely
(Reçu à Kassataya le 26 février 2014)
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