Le ministère mauritanien de la santé et le Centre national d’Oncologie de Nouakchott, ont célébré ce 04 février la journée international de lutte contre le cancer. Thème choisi : « Halte aux idées reçues.» Et comme dans tous les pays du monde, en Mauritanie, la part du tabagisme dans les causes des cancers est importante.
Environs 18 % de la population mauritanienne fument, régulièrement.» C’est le résultat d’une enquête de l’organisation mondiale de la santé réalisée en 2005. Ce chiffre est en progression car le nombre de fumeurs, notamment chez les jeunes, ne cesse d’augmenter.
Les clients de ce café du centre ville de Nouakchott, outre la tasse bien chaude, ont autre chose en commun. Ils sont quasiment tous fumeurs. Aicha, étudiante, s’y rend chaque après midi pour se détendre. Elle a 22 ans, elle a commencé à fumer à l’adolescence. Aicha à une fois arrêté mais elle a replongé sous l’influence de ses amis.
« J’ai envisagé d’arrêter de fumer en 2005, mais à l’école j’ai trouvé mes amis entrain de fumer. Aicha Ajoute : « j’ai entendu parler de l’association Histoire d’arrêter de fumer en cinq jours, quand je suis allée les voir, j’ai trouvé qu’ils ont arrêté ce programme. »
Sur la table voisine, Oumar, âgé d’une quarantaine d’année, s’est mis au tabac très jeune. Ca fait 26 ans qu’il fume malgré ses problèmes de santé.
« J’ai conscience des dangers du tabac, j’en souffre de temps en temps j’ai des problèmes de poumons… malgré tout vous continuez a fumer ? Je continue à fumer mais je suis sur le chemin de l’abandon » declare Oumar. Connait-il des associations qui luttent contre le tabagisme ? Sa réponse : « Personnellement non ; j’ai entendu parler d’une association anti tabac mai elle n’a pas d’action visible sur le terrain. »
La lutte antitabac en Mauritanie est en effet le parent pauvre du boum du mouvement associatif. Les actions des rares ONG ou clubs antitabacs mauritaniens se limitent à la célébration de la journée mondiale sans tabac.
Ce déficit de mobilisation contre le fléau du tabagisme est une véritable aubaine pour les cigareretier. En Mauritanie, pour se produire, les jeunes artistes (chanteurs, rappeurs…) se font sponsoriser par les cigarettiers, pendant les spectacles, des jeunes filles très coquettes distribuent cigarettes, casquette, briquets et autres gadgets au public, en majorité, composé d’adolescents. Des adolescents qui peuvent aussi se procurer des clopes dans les boutiques sans aucune restriction.
Prevention
C’est pourquoi, le centre national d’oncologie de Nouakchott cible les jeunes dans sa politique de prévention des cancers. Professeur Moustapha Ould Mohamedou, directeur de ce centre, indiquent que « les enfants des écoles sont sensibilisé sur les méfaits du tabac. » « Nous leur organisons des visites au niveau du centre ; nous leur expliquons que pour éviter d’être une charge humaine et financière, il ne faut pas qu’ils fument » ajoute-t-il.
La ligue mauritanienne de lutte contre le cancer a fait, elle aussi des jeunes une priorité dans sa lutte contre le tabagisme. Mohamed Ould Boubacar est président de cette ligue déclare : «Nous avons crée des clubs d’écoliers pour la sensibilisation ; ils font des activités de théâtre et autre… »
Il y a cependant espoir d’en finir avec l’atmosphère enfumée, toxique et cancéreuse des cafés, des cours de recréation et autre lieux public. La Mauritanie a ratifié en 2005, la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. L’année dernière, le conseil des ministres a adopté un projet de loi antitabac. La dernière étape sera le vote de cette loi par le parlement. Il sera alors interdit de vendre des cigarettes aux gamins et de fumer dans les lieux publics.
KD avec DW
Source : Le Quotidien de Nouakchott
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